« I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours. »
Lewis Carroll
game of madness
•01• Fall of snow, Fall in Love [PV:Ether]
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•01• Fall of snow, Fall in Love [PV:Ether]

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◄Ether's Honey Doll►
Délice
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16/11/2015, 19:57
Messages : 5


« Il est arrivé avec son drôle de sourire, pour me dire qu'il fallait en finir. »
Je n'ai pas vraiment compris, ce n’était pas ce drôle de lapin,
Pourtant je connaissais ce croissant de lune qui ornait si bien ses lèvres.
J'ai souri à mon tour et j'ai fermé les yeux pour toujours.


Qu'elle est cette étrange sensation sous tes doigts ?
Un frisson traverse ton corps en entier. Cette simple idée te fait sourire. Oui, tu viens de sentir un frisson sur l'intégralité de ta peau et c'est tout nouveau. Tu n'oses pas ouvrir les yeux pour découvrir ce Nouveau Monde. Si étrange et mystérieux.  Tu serres les doigts, ce n'est pas de l'herbe, c'est froid. Serait-ce de la Neige ? Tes yeux s'écarquillent. Le ciel blanc qui laisse s'échapper des flocons minuscules t'éblouit. Oui, il est neige. Est-ce le hasard qui fait si bien les choses ? Toi qui ne pouvais regarder ces perles de glaces depuis ta fenêtre sans jamais pouvoir y toucher... Voilà que tu baignes littéralement dedans. Et tu grelotes, tu claques des dents. Tu as froid et étrangement tu adores cela.

Ton rire s'élève, résonnant sur l'étendue blanche.
Comme une enfant émerveillée, tu décides de te relever. Du moins tu essaies, tu n'es pas certaine d'y arriver, mais tu espères. Tu espères que ta maladie, ton passé, ta santé ne soient qu'un vague souvenir d'une vie passée. Que comme promis, ici tu puisses marcher, sauter, danser.  Les premiers pas sont bien difficiles. Comme une enfant qui réapprend à marcher. Tes jambes fonctionnent, elles te portent avant de te faire chuter à nouveau. Elles te répondent, c'est déjà beaucoup. Les larmes de bonheur viennent parfaire ton sourire. Une myriade de sensations bien étranges qui s'entrechoquent dans son coeur. Tu es heureuse. Tellement heureuse, tu te laisses retomber sur la neige pour y dessiner un Ange avec tes bras et tes jambes. Oh ce n'était pas raisonnable, vu comme tu as froid, mais comment résister ? Tu es troublée et ton coeur s'affole encore. Ce monde est-il si parfait ? Est-ce le Paradis ? Ce monde imaginaire dont tu as entendu parler par ce lapin et son drôle de masque.

Debout sur tes deux jambes, cherchant l'équilibre...
Pour rester debout, tu observes plus en détail les affaires que tu portes. On dirait une poupée, voilà ce que tu penses. Des chaussures vernis avec le bout tout rond et une lanière rouge sur le dessus, aux talons larges, des bas aussi clairs que la neige, un bloomer de coton et de dentelle, des jupons et une robe rouge sombre avec le col bien haut et aux manches longues et évasées, tu es ravissante. Tes boucles sont coiffées et bien plus longues, attachées d'un noeud pourpre comme ta robe. Tu tournes sur toi-même et tu ris encore. Oui, ce ne peut qu'être un rêve. Mais le froid te rattrape. Tu es gelée...

Tu te frottes les bras et tu regardes autour de toi.
Des la neige à perte de vue, des arbres sombres à l'allure hostile, un vent glacial qui marque toujours plus profondément le froid de ses affaires humides. Tu voudrais marcher, tu voudrais courir et avancer, mais tu ne sais pas où aller. Tu te contentes de te mettre en boule, souffler sur tes mains et réfléchir à comment te réchauffer ou comment sortir de cette forêt enneigée. Mais pas un instant, tu as pensé que tu pourrais être observée...

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Roi des fous
Ether K. Volkovski
Ether K. Volkovski
Ether K. Volkovski
Roi des fous
17/11/2015, 02:26
Messages : 10



« J'ai vu tant de fois le ciel se noircir, sans jamais voir une étoile y luire. »
Mes yeux ont si souvent rencontré mes ténèbres
Que j'ai fini par croire qu'elles étaient le seul horizon,
Tout espoir me paraissait mirage... Simple fantaisie au goût de cendres.


Blanches perles qui se décrochent du ciel, larmes glaciales qui transpercent la vie, qui la volent dans une étreinte sans passion, les souffles des égarés qui se perdent dans le néant. L'immensité abstraite d'un mélange d'absences. Il n'y aura nul ménestrel pour chanter les louanges de ceux qui se sont perdus dans l'hiver, nul remord ne viendra tourmenter le bourreau. C'est une triste tragédie sans cris ni larmes. Un voile funèbre qui se déploie sur le monde, noce macabre célébrée sans psaumes ni vœux. Juste l'acceptation muette d'un destin inéluctable rythmée par les sifflements du vent et les palpitations frénétiques d'un cœur qui s'abandonne.

Il n'est d'ennemi plus dangereux que celui qui fascine, comme ces joyaux immaculés à la danse envoûtante et meurtrière. On dit que parfois l'innocence à l'apparence du crime, la réciproque ne pourrait être plus vraie. Au pays des Merveilles, les monstres se cachent sous de délicieux apparats, les crocs se planquent derrière les sourires. Toi, tu t'oublies dans ton Palais glacé et dans tes rares errances. Tu n'attires pas tes victimes, tu les repousses. Tu ignores les cris dont tu es à l'origine. Toi, le lâche, qui a pris le trône pour laisser le royaume à la dérive. Que cette couronne pèse lourd sur ton crâne d'égoïste souverain. Il n'y a que la nuit et le froid qui savent calmer les démons qui hantent tes nuits passées à chercher désespérément le sommeil.

Tu as passé tant de temps à observer les autres que tu en as fini par te perdre. Ton existence n'est plus qu'une simple pluie de sensations disparates, une saison éphémère qui ne repassera jamais. Il y a encore ce malaise, avec toi-même, avec le monde extérieur. Cette indescriptible sensation de déséquilibre. Comme quand on a la dérangeante sensation d'avoir oublié de refermer le robinet tout en étant certain de l'avoir fait. On revient sur ses pas, on le referme, une fois, puis deux, puis trois... Et pourtant, on a toujours l'impression que tout va déborder sans savoir quoi, ni pourquoi. Juste l'impression persistante que quelque chose ne va pas et que rien n'ira plus jamais comme il devrait aller. Que ce monde ne tournera plus rond et que tu n'y es pas étranger. Tu le sais, mais tu fermes les yeux sur ta propre humanité.

Tu avances dans le tableau monochrome qui se dessine autour de toi, la nature efface les traces de ton passage, de son erreur. Même dans ces terres sans hommes, tu n'as ta place. Tu laisses ton manteau de sang se noircir, ton corps se tasser et tes crocs s'allonger. Te voilà loup, Ether, une bête perdue dans la tourmente de son esprit, celle que son égocentrisme lève en dépit des vies que ses émois prennent. Tu n'es pas humain, tu n'as pas le droit de l'être, car toute la misère de ce monde, elle pèse sur tes épaules. Tu n'as pas le droit de t'écrouler, tu as la sensation d'avoir été placé là par une main invisible qui se rit de toi. Cette simple pensée t'est insupportable, tu t'es toujours considéré comme au sommet de ta volonté et te voilà en proie au doute. Finalement, il n'y a que dans ton inertie, cette non-existence que tu cultives comme un art, que tu parviens à te sentir libre, libre de ne pas être, de ne pas combler les attentes à ton égard.

Le vent hurle, tes tourments te déchirent l'âme et dans ton agitation intérieure, une voix retentit. Tu te figes brusquement alors que tes oreilles lupines se dressent contre la tempête qui se calme lentement pour te laisser mieux entendre. Tes iris de braise caressent les étendues enneigées à la recherche de l'insolente figure venue troubler tes cauchemars. Ton regard tranchant rencontre une silhouette qui s'agite, une inconnue, que tu défais aussitôt de cette appellation risible. Tu es Roi, nul être de ce monde ne t'es inconnu, comme aucun d'entre eux ne t'es familier. D'un pas feutré, tu t'approches de la jeune fille aux pupilles allumées d'un éclat déconcertant. Tu ne vois ni peur ni désespoir orner son visage, elle se perd dans une danse étrange avec les flocons, se dresse contre le froid pour s'y jeter à corps perdu. Juste savourer l'instant sans se soucier des lendemains. Tu restes interdit devant ce spectacle surréaliste, observant ce petit bout de chair aux cheveux d'or bataillant contre la tempête du vide et aux gestes dont la logique t'échappe.

Tu te demandes un instant si tu n'es pas face à un mirage, encore une vision étrange d'une existence oubliée. Mais il ne t'a jamais été donné de voir une telle chose. Cette superposition de lointain et de proche, un calque paradoxal et inhabituel où toutes tes connaissances te semblent balayées. Est-ce que tu rêves, Ether? Est-ce encore un de ces moments d'inconscience qui te font voir des réalités troublées, bien au-delà des champs des possibles ? Celles qui te font parfois espérer et qui n'ont de cesse de te briser un peu plus. C'est que de là où t'es, elle a l'air tellement fragile, cette petite chose, roulée en boule à guetter l'horizon sans attendre. Elle semble comblée en Enfer. Tu ne comprends pas et ça t'irrite.

Tu veux savoir, alors ton estomac se noue. Tu ne veux pas la voir disparaître. Tu pries pour qu'elle ne soit pas un rêve, ni un mauvais souvenir, pour qu'elle ne s'ajoute pas à tous les cadavres que tu as dans le placard. Tu n'as pas besoin d'un autre esprit pour te hanter. Tu veux juste pour une fois retrouver la réalité, l'humanité qui te fait défaut, celle qui n'est plus dans ce monde que tu as façonné. Sans le réaliser, tu réduis la distance qui vous sépare, toi et cette fragilité qui t'effraie autant qu'elle te fascine. Ton regard la met à nu, l'observe et la dissèque, analyse la moindre de ses expressions comme s'il pouvait en capter l'essence, sans même se soucier de ses réactions. Tu oublies que tu n'es plus simple observateur depuis ton trône et que cette fois, tu te retrouves exposé, que les cieux luisants s'opposeront à l'Enfer qui t'anime et qu'une fois encore, tu y liras l'horreur.


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17/11/2015, 19:48
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Il fait si froid ici-bas.
La neige est vraiment une chose fascinante, voir ainsi les flocons danser dans le vent avant de fondre sur tes doigts. C'est un spectacle chimérique, si longtemps espéré et vite regretté. Quelle idée de vouloir connaître la neige et ses merveilles quand nos lèvres sont violettes ? Quelle idée de sauter et danser dans la poudreuse quand nos affaires sont si légères ? L'innocence ou la naïveté. Le froid est vorace, affamé de toujours plus de chaleur. Ton souffle t'arrache les poumons à chaque inspiration. Mais tu ne peux retenir ta respiration inlassablement. Tes lèvres tirent et commencent à se déchirer sous la brise. L'air est glacé. Ta peau est gêlée. Sur tes doigts des brûlures, sur tes cils, le givre s'installe. La neige est magnifique, magnifiquement dangereuse.

Il est là, juste devant toi.
Toute en boule, cherchant à conserver le peu de chaleur qu'il te reste dans ce corps si frêle. Tu ne le vois pas venir, tu ne l'entends pas. Le vent s'arrête, son souffle régulier rythme le tien. Il y a quelqu'un ! Tu relèves la tête, dévoilant les stigmates de ce froid tortionnaire sur ta peau aussi immaculée de cette neige. Tu trembles encore et ton coeur loupe une mesure en voyant les yeux perçants qui te font face. C'est un loup, n'est-ce-pas ? Il n'est pas comme ces êtres majestueux que tu pouvais voir dans les reportages, à la fourrure grise et aux regards si clairs. Non, celui-ci est unique. D'une grandeur démesurée, surtout comparée à toi, d'un pelage noir comme le charbon, clairsemé de perle d'hiver, il est majestueux, intriguant, inquiétant. Comment fuir ? Comment le fuir ? Alors que tes yeux se perdent dans les siens, un instant coupé en suspens qui n'est qu'à vous. Il t'observe avec la même fascination que la tienne.

Oui, vous vous découvrez l'un l'autre.
Le gel, les frissons ou les brûlures sur ta chair n'ont plus de place pendant cet ultime seconde d'échange insolite. C'est un prédateur qui ne montre pas les crocs. Ces yeux couleurs de sangs restent visés dans les tiennes, avec une énigmatique et fascinante impassibilité. Que veut-il ? Il ne bouge pas, il n'avance pas. Il ne te menace pas. Que fait-il ici ? Sa respiration régulière laisse échapper des volutes de buée. Oh Monsieur le loup doit être bien au chaud dans son manteau canin de fourrure sombre. Tu l'envies un peu et cela se lit dans ton léger sourire.

Que dois-tu faire Lise maintenant ?
Tu commences à ne plus sentir tes jambes. Elles s'engourdissent de secondes en secondes. Alors avec une lenteur délicate et hésitante, tu viens tendre cette minuscule main vers sa gueule, pour espérer capter un peu de ce souffle qui a l'air si apaisant. Oui, c'est vrai qu'ainsi il pourrait te croquer. De la main jusqu'au coude d'un simple claquement de mâchoire acérée. Mais dans le fond, sans chaleur désormais tu es condamnée. Ce n'est qu'une question de minutes plus ou moins douloureuses. Tu penches la tête légèrement, tes cheveux tombent en cascade d'or givré sur le côté de ton épaule. Douce Lise, ton regard se fait plus tendre alors que tu lui murmures dans un sourire :

« Bonjour Monsieur le loup, vous êtes venu me dévorer ou me réchauffer ? Car je dois vous avouer... Que je ne peux plus vraiment bouger. »

Tes dents claquent, ton sourire reste. Ta main tremble mais le quémande. Ton corps agonise mais tu attends sagement. Les dès sont jeté. Dans ce monde sans logique, dans ce monde chimérique, peut-être que les loups aident les demoiselles frigorifiée contre un simple baiser sur la joue, bien mérité.

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Roi des fous
Ether K. Volkovski
Ether K. Volkovski
Ether K. Volkovski
Roi des fous
9/4/2016, 06:18
Messages : 10



Elle danse, l’enfant blonde, glisse voluptueusement entre les flocons, caresse tes tourments sans peur. C’est un fascinant ballet qu’elle offre à ton regard éteint par ces terres infernales, un spectre blanc qui se fond dans la tourmente et qui lutte sans efforts, s’abandonnant au froid. Le sourire aux lèvres blanchies par le baiser de ta muse sombre, la seule qui te conforte dans ces nuits qui n’ont plus de fin depuis que tu as volé le souffle de celui qui t’avait tout donné. Tu ne dors plus depuis trop longtemps déjà, car les rêves sont oubliés, morts et enterrés sous un manteau de désillusions. Tu n’es qu’un fantôme errant, vagabondant à chaque instant. Presque invisible, presque inaudible, fin observateur du déclin d’un univers entier, un monde qui s’empoigne jusqu’à l’implosion. Tu n’es qu’un murmure au creux des lèvres, une histoire oubliée, un non-mort au fond des nuits. Tu ne crains plus rien, si ça n’est la vie elle-même.

Et cette petite chose, elle est en vie. Elle apaise la tempête, cette chimère issue d’un autre monde. Il ne reste rien, seul le silence contemplant le vide, un instant où règne un respect presque solennel. Seuls vos souffles insolents viennent écorcher cette inertie, ils se joignent, s’abandonnent dans une étreinte fugace avant de se perdre comme dans une tentative désespérée de rendre un peu de chaleur à ce monde gelé. Tu restes immobile, laissant ses cieux couvrir l’enfer niché dans tes yeux jusqu’à se graver sur ta rétine, et plus profondément encore. Un instant passe au cours duquel tu te dis que c’est cette couleur que tu aurais voulu voir couvrir les cieux de ton pays natal. Ce même éclat qui brille, en dépit de ces lèvres et de cette peau dont le froid a ôté toute saveur. Tu as aimé l’humanité, autrefois, jusqu’à la haïr pour cette haine qu’elle a  engendré au plus profond de toi-même, celle de ce que tu es : un être contre-nature.

Ça semble durer une éternité et à la fois te filer entre les doigts. C’est terriblement doux et étouffant à la fois. L’envie de fuir et de rester se superposant pour créer un tout cacophonique. Un étrange paradoxe qui s’insinue dans ton esprit figé, chamboulant tes troubles intérieurs pour donner à ta pensée un semblant de cohérence. Une sensation de proche et de distant, à mi-chemin entre rêve et réalité, la délicieuse extase d’un cœur qui s’écrase, qui loupe un battement de peur de s’approcher du dernier. Ta présence vient entacher ce tableau parfait dont la beauté te rend fébrile, fait vaciller un instant tes certitudes et apaise cette rage qui te colle à l’âme, ce mal-être que tu craches contre ta propre peau, contre ton propre cœur noyé dans ta bile d’amertume.

Dans le regard qu’elle pose sur ton corps tu ne lis ni peur, ni dégoût, tu te perds dans les tréfonds de son innocente inconscience. Son corps s’agite sous les caresses du monde que tu as façonné et toi tu observes, impassible, l’acceptation muette de cette agonie, cette dernière torture qui se refuse à toi. Elle sourit, douce poupée, figée dans son lit de coton, elle te sourit à toi, le monstre qu’elle ignore et qui lui vole sa chaleur par simple curiosité. Tu réalises soudain que le mur est tombé, que tu n’es plus spectateur mais acteur de cette triste pièce aux accents de pas assez. T’es qu’un inconnu, mais aussi la seule figure à laquelle elle peut se raccrocher dans ce moment si intime et déchirant où la vie la quitte. Son sourire il fend ce cœur déjà en pièces qui bat trop calmement dans ta poitrine de monstre.

Une main minuscule et hésitante vient se tendre vers ta figure hideuse. Elle n’a que toi, cette poupée aux longs fils d’or dont l’éclat se dissipe sous les flocons. Ton cœur rate un battement, tu ne cilles pas, ton regard toujours ancré dans le sien, analysant le moindre éclat de peur ou de renoncement, enregistrant chaque frémissement qui se perd dans ce silence étouffant. Quelques paroles franchissent ses lèvres, un espoir illogique d’être comprise dans ces terres étrangères qui promettent toujours un avenir radieux pour vous livrer en pâture aux monstres qui les hantent. Ça pourrait paraître idiot, mais tu écoutes et enregistre chacun de ses mots, en décortiquant le sens comme une énigme cherchant dans sa voix une réponse que tu es le seul à connaître.

Qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu t’es arrêté? Tu t'es laissé prendre par cette envie absurde de toucher cette même humanité que tu n’as eu de cesse de fuir. Pourtant cette fois c’est différent, son souffle s’écrase contre ton corps et sa voix résonne en toi comme un écho réveillant cette vérité enfouie sous tes monstrueux apparats, l’enfant dont le désespoir n’a jamais été entendu et dont les rêves se sont brisés, étalés aux quatre vents. Tu dévoiles tes crocs perlés, esquissant un mouvement de recul à cette pensée. Tu restes inerte, observant cette petite créature ayant renoncé à se débattre, car tu es sa seule issue, malgré le grognement qui gronde dans ta gorge et les canines que tu dresses en rempart entre toi et ton humanité davantage que contre elle.

Elle ne peut qu’espérer qu’un soupçon de douceur se terre sous la menace évidente, tenter de voir l'homme au-delà du monstre. Ça te dérange, ça t'intrigue, ça t'apaise, un peu. C'est un tourbillon d'émotions dans lequel se perd ton esprit et elle, face à toi, elle se meurt, le fil de son existence se délite avant même que tu prennes la décision de le couper. Tu pestes, tu grondes, contre toi, et cette terre malade qui se nourrit de ce sentiment noir et profond qui t'anime, cette résignation qui te gagne et qui prend chaque jour davantage le pas sur ce que tu étais. Tu vois en cette fille un espoir que tu ne veux pas avoir, que tu voudrais laisser se briser avant même de le ressentir, mais c'est trop tard. Le bleu de ces yeux tu l'as vu briller dans les cieux d'un monde plus doux. Cette existence ne t'a pas fait assez dur pour que tu puisses passer ton chemin, être pitoyable que tu continues à être; au fond de toi, dans ton cœur meurtri.

Tu renonces, tu ne cherches pas à savoir si elle est encore consciente, si son souffle agite encore sa poitrine, tu t'approches d'elle, venant enrouler ton manteau de suie autour de ce corps ridiculement petit pour lui rendre la chaleur que tu lui a pris. Vous restez ainsi quelques instants, le temps de rendre le climat plus doux et de soulager son enveloppe éreintée par le froid. Une pensée te traverse l'esprit, tu peux encore la laisser là, faire comme si de rien n'était, continuer ta route et... quoi? Absolument rien. Un grognement franchit le seuil de tes lèvres alors que tes membres s'allongent, que la silhouette du monstre se fait plus humaine et qu'elle enveloppe ce petit corps de poupée abîmée dans un manteau de sang pour l’emmener au-delà de la tempête, en ce lieu où le silence règne depuis trop longtemps.



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