Étrange sensation que d'effleurer l'impalpable, de suivre l'inconnu et de se perdre dans les méandres d'une étrange et soudaine passion. Le jeune homme d'apparence, enivré par une douce folie, se laisse entraîner par sa nouvelle addiction. De toute manière, qu'a-t-il à perdre ? La vie ? Déjà fait. La raison ? Laissez-moi rire.
La raison, il a su qu'il l'avait perdue au moment même où il a croisé le regard sombre de la belle George pour la première fois, il y a de cela une éternité. Et son regard... Quand bien grande est sa douleur, quand bien grand est son désespoir, lorsque dans son miroir elle apparaît pour le fixer de ses yeux ternes ! Combien de fois a-t-il voulu arracher ce reflet, lui donner une réalité, hurler à son aimée qu'il veut revenir dans ses bras et se retrouver dans son regard taciturne ? Il a même essayé de matérialiser cette hallucination grâce à son don - pauvre de lui, il ne peut accorder d'existence à des êtres humains.
Mais alors, c'est comme ça que tout cela a commencé ? C'est parce qu'il a encore eu une hallucination qu'il se retrouve là, à errer dans un dédale de ronces et de fleurs fanées ?
Musset essaie de se remémorer ces dernières heures, passées entre son cabinet et ce lieu désolé. Oui, ça y est, il se rappelle. Devant son miroir, il toisait sa bien-aimée du regard, l'accusant d'être la fautive de ce qu'il est aujourd'hui - un débauché, un fou, une créature monstrueuse qui se nourrit de chair et de peine. Puis soudain, quelque chose s'était produit. La longue chevelure couleur corbeau avait laissé place à deux longues couettes roses comme un ciel d'aurore. Les yeux s'étaient agrandis et brillaient comme des diamants. Le regard se voulait envoûtant, et le sourire était mutin. Une invitation à la luxure, un corps de perfection. Oui, à ce moment-là, Alfred a vu le reflet de son propre pêché.
Résigné à vivre dans la damnation, dans l'impossibilité de retrouver ce qu'on lui a pris, il s'est donc dit que, les regrets étant absurdes, il devait se laisser glisser dans cette pente raide, puisque de toute manière il ne pouvait faire que cela. Et il a cédé à la tentation. Le reflet s'est étrangement détaché du miroir pour apparaître dans d'autres surfaces lisses. Il lui a indiqué un chemin à suivre. Et tant pis s'il ne suit en fait que le fruit de son propre cerveau malade, cette femme est une créature monstrueusement belle, et il ne refuse jamais une invitation à l'aventure.
C'est ainsi qu'il s'est retrouvé là, dans cet étrange labyrinthe, à suivre une Ariane sans fil qui peut être le mène au fatal Minotaure -mais qu'importe, il attend ce monstre le sourire aux lèvres et il marche d'un pas léger. Son entière existence s'est changée en un rocher taillé à pic, et aujourd'hui, ce reflet est peut être le seul brin d'herbe où il a pu cramponner ses ongles.
Comme chaque matins, Rose se levait aux aurores pour aller plonger avec sensualité son corps dévêtu dans un bain qu'elle rendait des plus... bouillonnant. La pièce était immense et sombre. Un miroir aux bordures craquelées trônait juste en face d'elle. Rose pouvait se considérer pendant des heures à l'intérieur de celui-ci, étendue dans les vagues limpides recouvrant sa peau lisse et froide.
Son visage exprimait l'ennuie, la fatigue, le manque de compagnie... C'était bien beau de jouer avec les gens et d'assouvir ses besoins ensuite... Mais Rose n'avait jamais vraiment cherché à étendre la chose plus loin, à se faire des amis. Bien que son caractère soit des plus défavorables, elle pouvait se montrer compréhensive et protectrice de ses proches. Malheureusement, son désir de satisfaction l'emporte toujours... C'est dans sa nature.
Rose plongea ses mains dans l'eau, et la contempla avec tristesse remuer autour d'elle. Tout était calme et paisible. Rien n'aurait pu interrompre ce moment, sauf un caprice soudain de la belle. Elle n'avait pas "chassé" depuis la nuit dernière, ce qui représente beaucoup de temps pour Rose, surtout quand on est habitué à consommer énormément d'énergie.
-Miroir miroir... montre moi donc qui sera ma prochaine victime... Murmura-t-elle avec appétit, en fermant les yeux, face à son reflet.
Son esprit voyagea jusqu'à son miroitement et Black Lady se retrouva dans le miroir. D'un pas monotone, la mirifique se mit à chercher une quelconque source d'énergie, la première qui viendrait serait la bienvenue. Mais il était tôt, Rose ne trouva personne à part quelques détritus errants les rues. Il lui fallait une proie pleine de ressources et de vitalités. C'est alors que Black lady se retrouva nez à nez avec un homme, qui semblait la toiser du regard. Peut-être interrompait-elle ces souvenirs ? Il paraissant perdu dans ses pensées.
Quelques secondes plus tard, l'étranger avait l'air d'avoir prit conscience de sa présence. D'un regard aguicheur et un sourire coquin, Rose lui fit signe de la suivre de surfaces en miroirs. Elle réussit avec facilité comme à son habitude à l'attirer jusqu'à son labyrinthe, puis elle disparue. Rose venait de rouvrir les yeux, satisfaite de sa prise. Se hissant de son bain à présent froid, elle se séchât, s'habilla et se fit une beauté avant d'aller le rejoindre en bas de son manoir.
Quand elle apparue dans le labyrinthe orné de ronces, elle pu apercevoir la fine silhouette de l'Alice perdue entre ses griffes. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres et elle ne pu s'empêcher de lâcher un rire moqueur face au piège qu'elle lui avait tendu. Son rire résonna dans tout le labyrinthe, puis Rose retroussa le chemin pour tenter d'allécher le jeune homme et de le guider au centre du labyrinthe...
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8/9/2014, 13:51
HRP: Bon, la flemme de remettre la mise en page xD (et désolée j'étais pas inspirée aujourd'hui TuT)
Les feuillages s'agitent, des brindilles craquent sous ses pas, de temps en temps il sifflote. Musset se balade en terre inconnue comme s'il était chez lui. Aucun labyrinthe, aussi complexe soit-il, n'est capable de venir à bout de l'interminable dédale de pensées que constitue son esprit. Et si son esprit est braqué sur l'idée qu'il faut retrouver cette étrange jeune femme, alors rien n'arrêtera son inexorable marche vers la démence.
Même pas ce qui vient tout juste de déchirer le silence d'une manière on ne peut plus soudaine.
Un rire. Un rire aussi chaud que froid. Un rire cristallin qui séduit autant qu'il effraie. Mais surtout... Une voix de femme. Voilà ce que vient d'entendre Musset, alors qu'il se demandait s'il devait prendre le chemin de gauche ou le chemin de droite - de toute manière les deux chemins mènent au même endroit pour lui: à la perte.
Il essaie de trouver d'où peut venir cette voix afin d'aller la rejoindre. Elle semble être partout à la fois. C'est peut être parce qu'il est en fait tout proche. Tout proche de cette étrange créature, qui semble de moins en moins imaginaire. Tout proche de sa folie, de sa fantaisie - de son fantasme.
Un frisson parcourt alors son échine. Pas un frisson de peur, ni même de froid ou de je ne sais quoi. Un frisson d'excitation. Il est impatient. Il a hâte de tomber dans la gueule d'une aussi belle louve. Et si cette louve n'est pas comme il l'espérait, l'Alice se changera en chasseur....
