« I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours. »
Lewis Carroll
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Anonymous
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27/6/2016, 03:42
La mort.

C’est un concept que trop peu d’habitants de Wonderland arrivent à saisir. Il s’agit d’un terme complètement abstrait. Aussi abstrait que le mot naître. Pour plusieurs, ne sommes-nous pas déjà mort si nous vivons à cet endroit ? Et pour d’autres, si nous sommes apparût dans ce monde pour cause d’un conte créé dans l’autre alors ne sommes-nous pas immortels ? Comment pourrions-nous l’être si nous saignons ? Le sang n’est-il pas la preuve qu’une personne est mortelle ? Mais alors si nous mourrons, puisque nous sommes une histoire, où allons-nous ?

Quand on commence à se questionner sur la mort, trop de questions s’en suivent. Et réfléchir est beaucoup trop de trouble quand on est transpercé au pied d’une aiguille empoisonnée.

Oui, car s’il y a une seule vérité sur la mort, c’est qu’elle vient dans les moments les plus inopportuns.

C’est pourtant tellement idiot.

Chase avait toujours marché dans cette forêt, pour plusieurs si inquiétante, comme s’il s’agissait de sa propre maison. Il connaissait toutes ses cachettes, tous ses secrets, la moindre plante avait hérité de sa part un petit surnom trop mignon, le moindre piège, la plus petite illusion était connue de lui. Il marchait là-dedans comme on peut marcher dans un parc.

Et pourtant.

Il est certaines choses dans la vie que le chat ne sait pas.

C’était tout bête.

Il marchait dans la forêt comme n’importe quel dimanche (ou était-ce un mercredi ? Un jeudi ? Peu importe !), à chantonner une petite comptine en allemand. Il se rappelait l’avoir entendue de la bouche d’un saoulons qui, ayant pris une demi-douzaine de verres de trop, avait changé chacun des rimes en mots vulgaires. Chase la chantait comme il l’avait entendue. Au son de certains vers, il lâchait un petit rire sec aussitôt interrompu par la suite de la chansonnette.

Parfois il s’arrêtait pour ramasser des objets. Ce qu’il aimait le plus, c’était les boutons. Peu importe lequel, en autant qu’il ne soit pas fait d’un matériel puérile et sans valeur comme l’argent ou l’or. Il trouvait souvent le corps décharné d’un individu ayant manqué de chance. Souvent il ne restait que les os, la chaire ayant probablement été disputée par les nombreux arbres carnivores de l’endroit (vous devriez les voir courir). Les vêtements, par contre, étaient toujours intacts, et le Chat pouvait s’en donner à cœur joie et prendre tout son temps pour découdre les boutons et les fourrer dans son petit sac sans fond. Parfois il prenait aussi le tissu quand il était en bon état et le gardait pour s’en faire des nouveaux vêtements.

C’était sa petite quête de la journée.

Mais malgré ses habitudes, malgré ses connaissances, il fit un pas dans la mauvaise direction. Juste un petit pas. Peut-être un mouvement distrait, car trop concentré il était sur son nouveau bouton en bois qu’il avait trouvé. Juste un petit déplacement latéral dans le but de se replacer afin de repartir gracieusement dans une autre direction. Mais non. À cet endroit précis se tenait, longue et bien droite, une épine venimeuse. Épine qui transperça le cuir de son soulier, pénétra la chaire molle de la plante de son pied pour ressortir, enfin, de l’autre côté.

Bien sûr, le Chat cria. Un cri de surprise plus que de douleur, mais qui, dans le silence de la forêt, résonna à travers chaque feuille. Un vent passa à travers les arbres, comme s’ils sentaient l’odeur du sang.

Aucune colère ne fut dirigée vers cette épine. Car elle n’était pas au mauvais endroit. Non, elle avait en fait plusieurs amies qui l’entourait, qui grimpaient aux arbres. Chase les avait vues. Seulement, il n’avait pas vu celle-ci.

Je vous l’avais dit ; tout bête.

L’effet du poison se fit ressentir tout de suite quand il tomba violement sur ses fesses, incapable de tenir son poids. Il était toujours surpris de s’être fait prendre si facilement. Il ria un peu, puis fouilla immédiatement dans sa petite sacoche, cherchant un antidote qui ne se trouvait jamais bien loin. Mais sa vision était déjà floue et tout ce qu’il voyait dans son sac était une montagne infinie de boutons. Un nombre tellement immense de ces accessoires ronds que son sac en débordait et qu’il en tombait partout autour de lui. Son petit sac semblait avoir perdu le contrôle. Il vomissait des tonnes et des tonnes de boutons si bien que le bas de son corps s’en trouva enterré en à peine quelques minutes. Quand l’empilage atteignit son torse il commença à se questionner sur la mort. S’il mourrait là, maintenant, où irait-il ? Où son corps se retrouverait-il ? Serait-ce une vraie mort ? Deviendrait-il un squelette parmi tous les autres peuplant cette forêt ? Pouvait-il mourir ? C’était une bonne question à poser étant donné qu’il avait le don de l’ubiquité. Les boutons avaient atteints son menton. Ce n’était pas vraiment de la panique qu’il ressentait. Il était contrarié, car il savait qu’il ne trouverait probablement pas réponse à toutes ses questions. Le poids de la montagne multicolore était si élevé qu’il ne pouvait bouger aucun de ses membres. Il n’avait aucun moyen de s’en sortir.

Puis c’est quand les objets vinrent bloquer son nez et s’entasser dans sa gorge qu’il comprit. Il comprit que c’était seulement en mourant qu’il trouverait ses réponses à propos de cette mort si mystérieuse. Ainsi, résigné, il ferma les yeux, laissant le manque d’air emporter sa conscience.



[HRP : Les boutons en question ne sont qu’une illusion, il est juste en train de succomber aux effets du poison.]
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