« I'm not strange, weird, off, nor crazy, my reality is just different from yours. »
Lewis Carroll
game of madness
Les poubelles des uns... font le trésor des autres.
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Les poubelles des uns... font le trésor des autres.

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Roussard de Chez Rousseau
Roussard de Chez Rousseau
Roussard de Chez Rousseau
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24/3/2015, 22:03
Messages : 38
Age du personnage : Compter en nombre de trous sur le gruyère.
Pouvoirs / Particularités : Pouvoir : invisibilité. Particularité : transformation en humain de manière aléatoire.

Origine : Inspiration de League of Legend.

Orientation sexuelle : Je veux faire l'amûr... à du fromage de chèvre !

Habitation : Rah T'al'Seum. Un gros bordel labyrinthique.


Who am I ?

● Roussard de Chez Rousseau

« Oh... vous savez.... l'égout et les couleurs. »

.: Nom civil: Roussard de Chez Rousseau.
.: Age : Noté quelque part, mais il a perdu le papier.
Existe à Wonderland depuis : Toujours.
.: Orientation sexuelle : Mention spéciale pour le yahourt vivant, et la tourte aux lombrics.
.: Groupe : Éxécuteur.
.: Race : Rongeur.
.: Origine : Hum... League of Legend... mais en fait ma tête.  
.: Fonction : Fouineur, et Roi (auto-proclamé) de « Raah T'al'Seum ».
.: Âme : Le Père Castor l'a mangé.
.: Particularité : De façon totalement aléatoire, il se transforme en être humain. Il n'a aucun contrôle sur ça, et déteste prendre cette forme. Il ne peut plus se rendre invisible, lorsque ça arrive.
.: Pouvoir : Peut se rendre invisible à volonté.
.: Classe sociale : En fromage ? RICHE. Mais uniquement en Fromage.
.: Participant au Game of Madness : Il paraît qu'il l'arbitre.

Description Physique



La première chose qu'on remarque, c'est qu'il y a beaucoup de poils. C'est un petit corps anguleux recouvert d'un duvet gris foncé, aux pattes griffues, et aux dents pointues. Son museau allongé renifle couramment les différentes odeurs qu'il rencontre, et parfois, un sourire s'y étire lorsqu'il décèle de la moisissure. De grandes oreilles se tendent alors, il relève sa petite tête, et observe de ses yeux globuleux la source du bruit. On vient d'entrer sur son territoire, et il y a une chose qu'il déteste, ce sont les intrus. Sa queue se dresse vers le ciel — du moins, imaginons que dans les souterrains, il y en ait un —, elle se balance de gauche à droite, elle est percée par un bijou en argent au bout, un anneau qu'il a pris soin d'encrasser. Son corps se lève, il semble remuer les épaules, et il réajuste la veste émeraude qu'il porte depuis Émeline. Lui, qui était roulé en boule dans son coin, rongeant un vieux morceau de fromage, il soupire et prend une espèce de paire de lunettes qu'il fiche sur son museau. Derrière le verre, son oeil semble vif, malicieux. L'éclat est étrangement violet. Alors il donne un coup de patte dans son bordel, prenant un couteau au passage, et se dirige vers la source du bruit. Lorsqu'il range l'arme à sa hanche, il se baisse, et au fur et à mesure que ses pattes griffent le sol, son corps disparait dans une volute de fumée. Décidément, ce rat n'est pas un rat normal. Il est bien plus gros qu'un rat habituel. À échelle humaine, il fait la taille d'un enfant de dix ans. Il se précipite dans une suite de tunnel, et s'arrête uniquement lorsqu'il aperçoit une petite chose perdue. Que fait-elle ici ? Il s'en fout. Les intrus seront abatus !
Sans un bruit, le rat se dirige vers la fillette. Il est quelque peu crispé, il déteste les hommes. Elle semble être arrivée là par hasard, et il lui fera payer son erreur.

« Quelle est la différence entre un bureau et un corbeau ? »

S'il avait eu des sourcils — et parfois ça lui arrivait —, nul doute ; il les aurait froncés. Il se lève sur ses pattes arrière, prêt à enfoncer la lame de son couteau dans le dos de la gamine. Mais à sa grande surprise, la petite se retourne, et il dévoile sa face.

« Hiiiii ! »

Il lâche le couteau, quelque chose a brusquement changé. Il ne perçoit plus les ombres de la même façon, l'odeur de pourriture, si douce à son museau, s'est brusquement éteinte. Oh non ! Il grogne, il regarde ses pattes, devenues alors des mains. Et le pire du pire ! Il a désormais les yeux au milieu du visage ! Il palpe sa tête, cherchant agacé une trace de ses trois amies : Jacqueline, Géraldine et Martine. Heureusement, ses doigts trouvent une trace récente de leur présence. Il est tombé sur les fesses, et devant la face outrée de la gamine, il se rend compte qu'il a oublié de mettre un pantalon, au cas où... ça arrivait.

« Hé merde... ! »

Ouais... bon... elle ne va pas faire tout un fromage parce qu'il n'a rien ! Si ? Elle plaque ses mains sur son visage, et lui, il soupire. Voilà ! Voilà ! Ses cheveux sont si crasseux qu'on peine à discerner leur blondeur. Il bouge, il gratte cette peau blanche qu'il déteste tant, en songeant que ses pattes lui manquent. Comment il est censé se servir de son nez ? Agh... Il pose sa main sur le sol, il file autour de la gamine, à quatre pattes. Son long nez se colle contre son aisselle, il tente de voler sa sueur, et sa langue vient laper cette dernière. La gamine pousse un cri, elle fonce sur le côté. Comment doit-il faire déjà ? Pour lui courir après ? Il sait marcher comme un homme, sous sa forme normale, pas avec ces trucs-là ! La terre tourne sous ses pieds, malgré toute sa volonté à se relever. Sa face est anguleuse, ses sourcils partent sur ses tempes comme si on y avait donné un coup de crayon furieux. Toutefois, ses dents restent pointues et petites, ses ongles sont longs et noirs. Et son attitude reste la même. Il se faufile dans un tunnel, cherchant la gamine pour la tuer, mais il s'arrête. Il voit un truc qui brille, qu'elle a dû laisser tomber. On dirait une épingle, il l'a prend, il la ramène trop proche de ses yeux, puis avec une grimace, il mord dedans.





Etat mental



Le rat... de son « vrai » nom Roussard déteste plusieurs choses. Tout d'abord les intrus, il tient à la sauvegarde de son territoire, et tuera tous les humains ayant la mauvaise idée d'y pénétrer. Parce que ce qu'il hait plus que tout au monde, ce qui le fait vomir, et cauchemarder, c'est l'humanité. Mauvais souvenirs entre autres. Il voue une telle haine au genre humain qu'il est prêt à tout pour la détruire. Son plus grand désir est d'ériger une nouvelle civilisation, où son espèce se retrouvera tout en haut de l'échelle. C'est pour cette raison que le Père Castor a pu obtenir son âme : en partie parce que Roussard ne connait pas le concept, et s'en moque, tant que ça n'a pas une utilité matérielle, mais aussi parce qu'il s'est vu offrir « Raah T'al'Seum » en échange. Un petit prix à payer. C'est un réseau souterrain qu'il commande, en tentant de maintenir un semblant d'harmonie.

Ce qu'il déteste après l'humanité, c'est la magie. Il est lui-même une créature magique, née de l'esprit d'un dégénéré, capable de faire muter les animaux. Il la rend responsable de son malheur, car si elle n'avait pas agi sur lui, il n'aurait pas été aussi conscient de sa condition, et aussi malheureux. Parce que Roussard sait réfléchir, et même trop pour un rat. Si certaines choses humaines lui échappent (le Game of Madness par exemple), il sait en comprendre d'autres ; comment retourner l'arme de son adversaire contre lui-même par exemple. Il parle même la langue humaine, « couramment », même si ça l'écoeure quelque peu. Certes... c'est la magie qui lui a donné son don d'invisibilité, lui permettant de découvrir quelques secrets, ou de simplement espionner les participants du Jeu sur demande du Père Castor, mais c'est elle qui en partie... le contraint à se transformer en une saleté d'être humain de façon totalement incontrôlable. Devenir ce qu'il hait plus que tout l'agace. Il ne sait pas vivre avec sa forme humaine, alors qu'il aurait pu en jouer pour tromper les hommes. Il méprise cet odorat trop faible, ces ongles trop courts, et cette peau sans poils...

Roussard n'a aucune connaissance des lois, c'est pour cette raison qu'il les enfreint régulièrement. Il n'est pas censé tuer des « innocents », mais ça lui arrive, si un humain entre à « Raah T'al'Seum ». Doué d'intelligence, il tient avant tout à la préservation de son espèce. Il fait preuve d'un grand instinct de survie. Il adore les choses qui rebutent les humains, comme la pourriture ou la saleté, et prend du plaisir à s'y vautrer régulièrement. Dans ses poils, Roussard possède un certain nombre de parasites, avec lesquels il a appris à vivre. Ils font partie de lui. Parmi eux, on peut retrouver ses trois poux qu'il appelle : Jacqueline, Géraldine, et Martine. Contrairement à ce que les humains peuvent penser, si lui a pu obtenir une conscience, c'est sans doute aussi le cas des choses se promenant dans son corps.





Il était une fois...


Argh... toute cette lumière lui donnait mal au crâne. Son petit coeur frappait fort dans sa poitrine velue, ses moustaches frémissaient, alors qu'il tournait la tête dans tous les sens. Nerveusement, il avait envie de se faufiler dans sa cage, et de se replier sur lui-même. Pourtant, il ne pouvait pas le faire. Les sons lui pénétraient dans les oreilles, formant un bordel insupportable. Les voix tambourinaient dans ses tempes, il peinait à discerner celle de l'humain qui le tenait en laisse. C'était trop d'information pour son cerveau, il gratta le sable sous sa patte droite, et il fixa les choses devant lui. Tout ce qu'il pouvait percevoir, c'était des taches. Le monde était composé de taches. Des taches de différentes couleurs, de tailles diverses, souriant parfois, alors que la chose rouge devant lui annonçait le prochain numéro. La musique frappait son crâne, bon sang ! Que c'était pénible cet univers ! Le tissu le grattait. Il fixa son regard sur la foule, elle applaudissait déjà, transportée par l'euphorie, alors que Monsieur Loyal tirait sur sa laisse. Il se tourna vers ses deux autres compagnons, tout aussi poilus que lui, tout aussi grotesques. Avec une moue cynique, le rat commença le spectacle.

Des trois, il était le plus petit et le plus fin. C'était pour cette raison qu'il était porté par leurs épaules. Des rats savants ! Des rats savants dont la taille était celle d'enfants. Des enfants bien duveteux. Les deux autres le soutenaient, droits, malgré leurs jambes tremblantes ; il sentait leur fatigue. De ses pattes griffues, il prit la jarre d'eau qu'on lui donna. Autant qu'il le put, il la souleva au-dessus de sa tête. Durant des semaines, ils avaient répété ce numéro stupide. La lumière du Cirque se braquait sur eux, on riait devant la difficulté de ses compagnons à marcher comme des hommes. Monsieur Loyal s'exclamait fort, racontant l'histoire de leur existence : des rats comme des enfants ! Trouvés quelque part dans les souterrains de l'Ancien Monde, dressés comme des humains à faire rire les humains. L'eau de la jarre éclaboussa ses moustaches, elles frémirent, et il ne put s'empêcher d'éternuer. Sa queue se dressa dans les airs, l'anneau accroché à son bout brilla, il grinça des dents. Son poil se hérissa. La jarre était trop lourde pour lui, elle pencha dangereusement en avant, l'eau se répandit en cascade. Ses deux camarades se tendirent, ses pattes glissaient sur leurs épaules. Monsieur Loyal se tourna vers eux, il tenta de s'accommoder avec l'accident qu'il surviendrait bientôt. Il tira sur la laisse, il se sentit tombé en avant, alors que l'humain s'écriait :

« Mais les animaux ne peuvent pas imiter notre race, n'est-ce pas ? Haha... ! »

La jarre lui échappa finalement des pattes. Il la suivit dans sa chute. Son museau s'écrasa contre le sable, il se crispa, tandis que ses compagnons se mélangeaient dans un bordel d'oreilles et de poils. Il les écrasait de son poids, ses griffes s'enfonçaient dans l'épaule de l'un, tandis que sa patte arrière était plongée dans la joue de l'autre. Des rires éclatèrent alors, on les montra du doigt, Monsieur Loyal plaisanta sur leur compte. Avec le bruit, il ne saisissait pas les mots, il put simplement comprendre qu'on rabaissait son espèce. Une certaine fierté lui donna l'envie de lui déchiqueter l'oreille, mais il devait d'abord s'extirper de là. La jarre s'était brisée dans l'opération, et l'eau se répandait sous ses pattes. Il parvint à se redresser, il se faufila derrière Monsieur Loyal, et lança un coup d'oeil vers la foule. Il devinait que la chose informe était la foule, parce que ça lui paraissait vachement gros. Monsieur Loyal le chassa d'un coup de pied agacé. Il renifla son odeur, puis il se précipita de suivre ses deux compagnons, fuyant leur numéro raté. À la fin du spectacle, ils allaient prendre cher.

Insultes, coups de pieds et de poings. Son museau était en sang, ses poils se dressaient, crasseux et un morceau de sa patte avant était abîmé. Nerveusement, il la rongeait, la queue enroulée contre son corps. Il était dans son milieu, une obscurité complète, avec une multitude d'odeurs caressant ses moustaches et son museau. Pour le moment, c'était surtout le sang qui dominait. Le rat remua, tremblotant de douleur, et il jeta un regard à ses deux compagnons. Ils n'étaient pas dans un meilleur état que lui, il sembla soupirer. Ses moustaches frémissaient, le froid passait à travers son duvet gris. Depuis qu'il était né, il n'avait pour souvenir que cet endroit. Dès que son oeil globuleux s'était ouvert, il avait rencontré les barreaux d'une cage, avec des figures étranges dernières. Ainsi son destin de créature s'était scéllé ; le Cirque, la maison, lui avait donné de la nourriture, et conduit dans cet état de servitude. Des rats de cette taille, c'était rare ! On ne pouvait pas en trouver ailleurs que dans cet endroit, caché dans les bois. Le collier le grattait, il avait une blessure au niveau de son cou, et le cuir frottait dessus. Désagréable. Avec ses petites pattes griffues, il tenta de le tirer, mais cela ne changea rien.

Depuis longtemps, le rat se demandait ce qu'il pourrait trouver au-delà de cet endroit, au-delà de cette cage. Les odeurs portaient son imagination vers d'autres contrées, mais le même visage revenait briser sa rêverie. Il était devant lui, Monsieur Loyal, accompagné du P'Pa. Un frisson hérissa ses poils, il reconnaissait surtout leurs parfums plutôt que leurs traits ; il peinait à évaluer le volume de leurs corps, les détails de leurs costumes ou de leurs visages. Les deux autres se redressèrent. Ils ne foncèrent pas à ses côtés, ils se contentaient de l'observer, lui, le seul à pouvoir les affronter.

« Les autres étaient plus intelligents, déclara alors Monsieur Loyal. La nouvelle portée arrive bientôt ?
— En ce moment même ! S'exclama le P'pa. »

Il ne supportait aucun des deux. Monsieur Loyal était grand avec les épaules carrées, une chevelure noire et une barbe bouclées tombaient sur sa poitrine et dans son dos. Il était toujours habillé de cette couleur qu'il ne voyait pas vraiment — le rouge —, et il était le responsable du Cirque. Le P'Pa était plus petit. Il possédait un duvet qu'il soignait sur sa mâchoire large, un beau regard pétillant, et des cheveux bruns courts qu'il peignait régulièrement. L'un portait une odeur désagréable de lilas, tandis que l'autre suait plus fort. Il posa ses pattes sur les barreaux de la cage. Avec le temps, il avait pu comprendre ce langage. Il l'avait appris de lui-même, à force de prêter attention aux sons que ses grandes oreilles percevaient. Il avait même tenté de les répéter lui-même, les deux autres trouvaient ça bizarre. Qui voudrait partager la langue des humains ? P'Pa était toujours affable avec eux, rappelant à Monsieur Loyal qu'il était leur créateur. Ils étaient... ses rats à la taille d'enfants, les adorables choses qu'il avait créées grâce à son pouvoir. Le P'Pa passa d'ailleurs sa main à travers les barreaux, tentant de le caresser, mais il recula aussitôt. Au dernier moment, il s'était retenu de mordre ses doigts. Il détestait cet humain, c'était lui la source de cette servitude. Le P'pa soupira, il mit les mains derrière le dos, et il lâcha :

« Aah... celui-ci est toujours un peu rebelle. Je rectifierais ça.
— Hum... je pense surtout que c'est le plus stupide. »

P'pa grimaça ; il ne paraissait pas d'accord, mais il ne défendit pas son rat. Les deux humains s'en allèrent. Il renifla, puis il se roula en boule. Il regarda ses deux compagnons d'infortune, il les étudia longuement, les yeux plissés ; il lui arrivait d'imiter parfois les humains. La dernière fois que le P'Pa « l'avait rectifié », il avait failli perdre une patte et un bout de sa queue. Il était condamné dès lors à porter ce bijou à celle-ci, rappelant le poids de son erreur : tenir en échec les expériences du P'Pa sur lui. C'était une preuve supplémentaire qu'il lui appartenait.

« Un plan, formula-t-il après un long silence. »

Sa voix... se confondait quelque peu avec celle d'un humain. Pourtant, il s'exprimait comme un rat, avec des couinements, mais... à force d'observer les hommes, il s'était laissé influencer. Des trois, il était le seul à pouvoir articuler des mots humains. Les deux autres se redressèrent, l'un haussa les épaules, l'autre sembla s'intéresser à ce qu'il disait. On lui fit en réponse « eh quoi ! ». Un plan ? Un volume imperceptible dans l'univers ? Un truc d'humain ça, il finirait par devenir comme eux, et réduire en esclave les rats. Le plus grand des trois était aussi celui qui était le plus épuisé, son pelage était le plus clair. Plus cynique que les deux autres, il attendait simplement son heure, en espérant qu'elle arriverait vite. Il lui reprochait sans cesse sa volonté de ressembler aux humains. Lui, il ne pensait pas le faire ; il ne faisait que se servir des armes qu'on avait dressées sur eux.

« Un plan ? Répéta le moins sceptique. »

C'était le plus épais des trois, son museau était aussi plus écrasé, et ses moustaches les plus longues. Son pelage n'était pas aussi abîmé que le sien, mais par endroits, on lui avait arraché des touffes de poils. Il approuva d'un mouvement de la tête. Il répéta :

« Oui. Un plan. »

La musique. Une chose encore bien humaine, ça... la musique. Trop de sons différents pour lui, ça ne formait pas la même harmonie que pour les hommes, et ça lui donnait mal au crâne. Son petit coeur tambourinait sa poitrine velue, alors que Monsieur Loyal entamait le même numéro. La foule les entourait, bruyante, puant le parfum bon marché et l'excitation. La vie des hommes était-elle si fade pour que leur numéro les mette dans un tel état ? Le rat à force de les imiter, les comprenait de moins en moins. Il remua les moustaches, il jeta un regard à ses deux compagnons ; un regard qui leur intimait de lui faire confiance. Il n'était pas certain d'y arriver... ça lui était toujours difficile de faire ça. Il s'était entraîné pourtant, avec la même assiduité que pour ce numéro débile. Avant eux, c'était des chiens qu'on avait poussés à se dresser sur leurs pattes arrière, tenu en laisse par un guignol maquillé comme une putain. Il en voyait souvent, d'ailleurs, traîner aux alentours du Cirque. Et la reine de toutes les putains, c'était le Monsieur Loyal faisant d'eux des bêtes de foires. Lassé, le rat comptait le lui faire payer.

Monsieur Loyal fit un geste de la main, le signal. Il sentit ses muscles se raidir, son coeur sembla arrêter sa course effrénée. Ses compagnons le soulevèrent alors. Monsieur Loyal était dos à eux, et de sa voix grave, il présentait leur numéro, mettant un point d'honneur à rappeler la difficulté qu'il avait eu à capturer de tels monstres. Avec un grand sourire, il ajouta :

« Les Ruines ! Ils viennent des ruines... chassant les ho...
— Ooooooooh ! »

Monsieur Loyal fronça les sourcils. Lorsqu'il se retourna, il ne trouva que deux rats, prostré dans un même effort, mais il manquait le troisième. Avec une grimace furieuse, persuadé qu'ils allaient encore l'humilier devant son public, il se rapprocha des deux créatures. Il grogna, il se pencha vers eux, mais il n'obtint qu'un regard effrayé de leur part. Bon sang ! Il allait les étriper ! Les données à bouffer à ses gros chats ! Au moment où il ouvrit la bouche, il sentit des pattes griffues se planter dans ses épaules. De surprise, il poussa un cri, et il chancela en arrière. Il lâcha les laisses, il se débattit un moment avec le diable semblait-il. Lui, il s'était posté soigneusement avec ses griffes sur son ventre et ses épaules, il grimpait et jetait tout son poids. Ses deux compagnons l'y aidèrent, et se jetèrent sur les jambes de Monsieur Loyal. La musique s'arrêta alors, remplacée par les cris étouffés de Monsieur Loyal. Le public se retrouva fort gêné : cela faisait-il partie du numéro ? Lorsque Monsieur Loyal écrasa son énorme fessier sur le sable, il faufila sa pette dans sa poche, et il attrapa les clefs.

« File ! »

Les deux autres ne se firent pas prier. Il accrocha ses griffes au trousseau de clefs, et il se faufila dans le public. La laisse le gênait dans ses mouvements, il avait conscience qu'elle pourrait lui être fatale. Il s'arrêta devant des enfants qui à sa vue, poussèrent des cris étouffés. Ridicule. Les humains étaient ridicules ! Il tourna la tête dans tous les sens, cherchant surtout un moyen de couper définitivement ce collier. Les clowns se précipitaient sur lui, et ses camarades, et finalement, il remua les épaules, et il se mit à quatre pattes. Il fonça entre les jambes d'un bonhomme avec une perruque rouge, et il disparut. Dans le vacarme, il percevait plus la présence de ses camarades, ses yeux s'accommodaient mal à toutes ces couleurs et ces gens. Il espérait seulement qu'ils étaient libres, encore un peu. Pas le temps de penser. Le rat se faufila encore entre les jambes, invisible pour les humains, il continuait de courir aussi vite qu'il le pouvait, esquivant les obstacles sur sa route. Il avait envie de détruire chaque vie ici, se venger de toutes ces années — ces mois ? — de torture. Le temps était pour lui une chose extrêmement relative.
Le parvint à sortir du chapiteau, il cherchait toujours ses compagnons. Il s'arrêtait parfois, il se redressait, et il tentait de discerner leur odeur, en vain. Merde...

« Toi ! »

On tirait la laisse, pourtant lorsqu'il observait ses pattes, elles étaient invisibles, comme le reste de son corps. Il comprit alors que la laisse avait été comme portée par un fantôme, et que le P'Pa avait fini par l'attraper. Furieux, il tirait en espérant le faire réapparaître, lui... il puisait dans son énergie pour que ça n'arrive pas. Pourtant, il sentait sa trachée s'écraser, il étouffait. Ses pattes s'enfonçaient dans la terre, mais l'humain était trop fort. Avec grognement de rage, il changea de stratégie, et il fondit sur le P'Pa.

« Va... te faire foutre ! »

C'était la première fois qu'il s'exprimait directement aux humains. Pour lui, ça avait été clair, mais pour le P'Pa, on aurait dit un balbutiement enragé. Le rat attrapa sa main, et il planta ses dents dans sa chair. L'humain cria de douleur, il le lâcha, et il put retrouver sa mobilité.

« Les rats ! Ils se sont échappés ! Hurlait Monsieur Loyal. »

Le chaos s'était abattu sur le Cirque. Quelque chose dans le semblant d'harmonie que Monsieur Loyal avait toujours maintenu se brisa. Lui, il profita du chaos pour libérer tous ceux qu'il avait enfermés dans des cages. Il ne parlait pas, il ne criait pas à la révolte, il se contentait de briser les serrures, d'arracher les colliers et les laisses, en espérant que l'attention des hommes serait maintenue par les autres. Ce fut un combat acharné des hommes contre les bêtes, où lui, il tentait de retrouver ses deux compagnons. Invisible aux hommes, il continuait de se faufiler entre leurs jambes, les poussant parfois vers les dangers. La vengeance ne lui apporta aucune satisfaction, ça n'avait pas été son but. Son odorat était perturbé par le feu qui s'était déclenché « par accident » dans le chapiteau, par les urines, les vomissements, et les alcools. Impossible de reconnaître celles de ses deux compagnons. Il refusait de partir sans eux, pour aller où ? Ailleurs. Ailleurs qu'ici, ça serait toujours bien. Dans le chaos, dans le brouhaha, il songea alors qu'il n'y aurait aucun endroit qui les accueillerait. Il pesta entre ses dents, et il se concentra. Sa queue balayait l'air, son museau respirait ces odeurs si différentes, et il crut les voir.


Le P'Pa était dressé sur ses deux jambes, ses cheveux toujours si bien peignés étaient devenus de la broussaille, et il soufflait comme un boeuf. Par la peau du cou, il tenait l'un des siens. Son coeur se figea dans sa poitrine, une sensation de froid paralysa ses muscles. Il fit quelques pas en avant, redevenant visible, transporté par ce qu'il se déroulait. Non... il s'était fait attraper. Le P'Pa le jeta sur son épaule, après lui avoir attaché les pattes.

Dans le regard de son ami, il crut voir comme de l'abnégation. Pourtant, lui, il se refusait de voir cela. C'était même insupportable ! Du sang coulait sur l'épaule du P'Pa. Le sang de son compagnon, le plus massif des trois, le moins déllusionné. Il plongea jusqu'à lui, mais on l'arrêta. Monsieur Loyal s'était posté devant lui, le rat chercha du regard son compagnon, mais il avait disparu derrière l'humain. Il serra les dents, il remua les épaules, et il gratta nerveusement la terre. L'animal et l'humain s'échangèrent un regard plein de haine. Il l'aurait affronté, s'il avait fait sa taille, s'il avait eu une arme sur lui. Il lui aurait enfoncé ses griffes dans ses yeux jusqu'à les faire éclater, et il lui aurait lacéré la face, jusqu'à déformer ce visage dégueulasse.

« Toi... toi... sale vermine ! Je vais... ! »

Mais le rat n'était pas de taille face à l'humain. Il faisait deux têtes de moins que lui, et même si sa vue préférait l'obscurité, il était si confus qu'il ne gagnerait pas. Au loin, le P'Pa emmenait son ami, et il l'entendait couiner. La peur se collait à ses poils, froide et humide. Monsieur Loyal sortit alors de sa veste un revolver. Le rat se raidit, et il décida que le feu était trop fort pour lui. Une fois, il l'avait vu abattre un chien avec, une balle dans la tête, après un bruit d'explosion. La poudre, il pouvait même la sentir. Les narines de Monsieur Loyal s'ouvrirent, et avec un sourire presque victorieux, il braqua l'arme sur lui. De peu, la balle le manqua, elle se planta dans la jambe d'un clown qui avait eu la bonne idée de passer par là. Le rat en profita pour se retourner, il mordit sa langue de chagrin ; il les abandonnait, il les abandonnait ! Ses pattes se plièrent, alors qu'il s'enfuyait. Un autre coup de feu éclata dans sa tempe, il se raidit, et il tenta de redevenir invisible. Il fut désigné du doigt par Monsieur Loyal, et au moment où il se retourna, il vit le coup partir. Il ouvrit la gueule, ses moustaches se tendirent, l'odeur de la poudre... elle arrivait. La balle se logea dans son épaule, il poussa une exclamation de douleur. Merde... il tomba en avant, la chaleur de son sang se répandit dans son dos, alors qu'il tentait de se relever. Il refusait de crever dans cet endroit miteux ! Il passa entre les arbres, seule une couleur rouge resta gravée sur la terre, il se fondait dans l'obscurité. Alors qu'il courrait, l'image de son ami s'imprimait dans sa rétine ; il ne pourrait pas le sauver, sa survie comptait avant tout. Pourtant, il se promit de le venger, de tous les venger.

Ses pattes le portèrent, son esprit vagabondait vers la rancune, et la haine, et lorsqu'il le retrouva un peu, il comprit qu'il était perdu. Loin du Cirque, il pensa d'abord qu'il serait en sécurité. Mais dans la nuit, la forêt semblait lui parler, elle s'adressait à lui dans des murmures doucereux. Les arbres semblaient se mouvoir, alors que sur leurs troncs, des choses s'inscrivaient dans le langage des hommes ; le rat ne put déchiffrer sa propre pensée. De toute façon, elle se diluait dans la douleur, ses muscles se tendirent, jusqu'à se relâcher complètement. Le sang laissait une traînée écarlate derrière lui, la seule couleur qu'il peinait à voir. Il prit une grande inspiration, où le portait son corps ? Il suivait ce que lui indiquaient les murmures. Le rat s'écroula alors, le museau dans la terre, et le coeur percé de chagrin. Morts. Probablement. Morts à cause de lui. À cause des hommes.
La race des hommes... il l'éteindrait.

« J'ai jamais vu ça ! Il parait qu'ils en ont au Cirque, mais j'ai jamais vu ça ! »

L'enfant était penchée vers le rat endormi sur son lit. Ses cheveux châtains encadraient dans de jolies boucles son visage d'ange ; on aurait dit une poupée de porcelaine. Elle était habillée en blanc, sa robe de dentelle tombait sur ses genoux. Alors que la créature incarnait la misère, la crasse, l'enfant était l'image même de la noblesse et de la beauté. Son parfum de lilas fut ce qui le réveilla. Une douleur cuisante dans le crâne, les moustaches tendues, et le corps douloureux, il redressa sa tête vers l'enfant. Pendant un moment, il ne comprit pas exactement où il se trouvait. Il n'était pas habitué à ce genre de choses ; il n'avait connu que sa cage, la foule sous le chapiteau, et dernièrement les bois. C'était... un endroit particulièrement rangé, avec une humaine devant lui, dont les yeux exorbités exprimaient une sorte de folie douce. Elle lui souriait, elle ne lui accordait aucun regard méprisant, dont il était coutumier. Quelque peu déboussolé, il planta ses griffes dans le matelas.

« Que voulez-vous ? »

Le propre son de sa voix l'étonna. C'était la deuxième fois qu'il parlait la langue des humains face à un humain. L'enfant parut surprise, mais elle frappa dans ses mains, agréablement surprise du don de ce rat étrange. Il toucha d'ailleurs son épaule, on l'avait bandé, et on avait enlevé la balle. Il ne comprenait rien à ce qu'il s'était passé. Il se roula en boule, lorsqu'elle tendit la main pour le caresser. Mais pour quoi le prenait-elle ? Un chat ? Un chien ? Il n'était plus ces trucs domestiques ! Il lui montra ses dents pointues, elle se ravisa, déçue.

« Je vous ai trouvé dans la forêt, hier. »

La forêt ? Le rat poussa une exclamation douloureuse. Son crâne était lourd, il n'avait jamais pu penser qu'il pourrait sentir son poids de la sorte ! Bizarre.
« Tu es hors de danger, reprit l'enfant. Je... je m'appelle Émeline... et toi ? »

Le rat — s'il avait eu des sourcils — les aurait froncés. Un nom ? À aucun moment de sa vie, on ne lui en avait donné un. Même ses compagnons n'en avaient pas eu. Ils avaient toujours été « les deux autres ». Il soupira, puis il lécha sa patte ; un morceau de boue s'y était collé, et Émeline ne le lui avait pas enlevé. Elle le regarda avec une certaine consternation, agacée par l'amour qu'elle lui portait, et qu'il ne lui retournait aucunement. Le rat lui jeta un regard.

« J'en ai pas, finit-il par dire. »

Émeline posa son index sur sa mâchoire, et elle leva son regard vers le plafond. Elle sembla réfléchir, lui, il se demandait déjà comment il pourrait s'enfuir de cet endroit. Une humaine l'avait soigné ! Ça voulait dire qu'elle comptait faire de lui son animal de compagnie, et ça... hors de question ! Il n'avait pas quitté le Cirque pour devenir le jouet d'une infirme. Il remarqua d'ailleurs qu'elle ne pouvait plus marcher, parce qu'il lui manquait les pieds. Si elle pensait qu'il lui donnerait un traitement de faveur juste pour ça... peuh ! Il ne faisait pas de privilège pour la haine.

« Oh... je sais ! Tu es chez Rousseau, ton nom... ça sera donc Roussard ! »

Roussard ? Elle se foutait de lui, là ? Le rat ouvrit la gueule pour lui dire ce qu'il en pensait : qu'elle aille se faire foutre entre autres, mais elle poussa un cri suraigu qui lui perça les tympans. Il ferma les yeux, et lorsqu'il les rouvrit... quelque chose avait changé. Sa vue... d'abord discernait plus nettement l'enfant, et surtout, il remarqua qu'il pouvait voir le rouge sur ses lèvres. Il avait perdu la profondeur de son champ de vision, mais en comparaison, il découvrait un monde plus précis. Il haussa les sourcils pour de bon... cette fois. Il toucha son visage. Sous ses doigts, il sentait de la peau, pas de poils, de la peau. Il émit un grognement de dégoût, et il fixa alors ses mains. Plus des pattes, mais des mains. Bordel ? C'était quoi ça ? Il s'inspecta. Où était passé son chaleureux pelage gris ? Pourquoi se retrouvait-il avec une peau blanche et crasseuse à la place ? Et... son odorat s'était brusquement affaibli, le parfum d'Émeline était devenu presque indicible. DES MAINS ! Il avait des mains ! L'enfant s'était couvert le visage, n'osant pas le regarder. Eh quoi ! Que lui arrivait-il ? Merde. Merde ! Et sa queue ? Pas celle qui pendait pathétiquement entre ses jambes, mais la plus longue ! Il toucha ses reins sans la trouver. Cette peau le démangeait ! Il ouvrit la bouche, et il mordit ses lèvres. Ses dents étaient moins pointues, avec ça.... il ne pourrait pas couper les choses.

« Mais habille-toi à la fin ! S'écria Émeline. Un homme ne doit pas se présenter nu devant une demoiselle ! »

Un homme ? Le rat se laissa tomber sur le sol, il se faufila jusqu'à la coiffeuse de l'enfant. Il posa ses doigts sur la table, et il inspecta son reflet. Oh non... ce n'était pas lui ça ! Qu'est-ce qu'il avait sur le crâne ? C'était... jaune. En bataillle, un peu comme le P'Pa lorsqu'il devait se réveiller tôt et en urgence. Des cheveux blonds plein de crasses et de sang. Il les effleura, avant de tenter de se les arracher. Oh non... il était devenu un homme ! Il était devenu ce qu'il détestait le plus au monde ! Un homme ! De petite taille, mais un homme ! Et les choses n'étaient plus les mêmes.
Avec un soupir, Émeline roula jusqu'à un de ses placards, et lui tendit une robe de nuit. Si elle avait pu marcher, ils auraient fait la même taille.

« Voyons... met quelque chose, Roussard, c'est inconvenant ! »
Inconvenant ? Il y avait des concepts qui lui échappaient. Lui, il ne voyait pas en quoi sa nudité posait problème. Toutefois, il consentit à porter sa robe de nuit, même s'il était totalement ridicule là-dedans. Au moins, il avait moins froid. Un homme ! Il était devenu un homme ! Un homme.... ça lui donnait envie de vomir. Il jeta un regard furieux en direction de l'enfant, c'était de sa faute. Peut-être lui avait-elle jeté un sort au moment où elle lui avait donné ce nom : Roussard. Roussard... ça sonnait un peu comme froussard, non ? Et il n'était pas peureux, il n'était pas lâche ! Même s'il avait abandonné ses deux compagnons pour sa propre survie. Roussard grinça des dents. Raaah... mais pourquoi c'était arrivé ?

Émeline poussa un autre cri étouffé. Roussard lui jeta un coup d'oeil, quoi ? Qu'est-ce qu'il avait fait encore ? L'enfant jeta un regard à gauche et à droite, alors qu'on entendait des escaliers grincer. Elle prit une grande inspiration, puis elle balança :

« Mes parents... ils sont rentrés ! Vite, cache-toi sous le lit !
— Émeline chérie ! À qui tu parles ? »

Elle roula jusqu'à lui, elle le poussa vers le lit. Avec indignation, il se laissa faire. Cette gamine lui faisait faire n'importe quoi. Il était persuadé qu'elle l'avait transformé en homme, et il comptait le lui faire payer un jour. Il plongea sous le lit, salissant la jolie robe de nuit de l'infirme, mais il apprécia le tas de poussière dans lequel il plongea son nez. Il posa sa joue contre le plancher, alors que la porte s'ouvrait. Émeline accueillit ses parents d'une voix claire. Roussard ne put remarquer que comme elle, ils avaient les yeux exorbités, emprunt d'une folie douce. Ça sentait autre chose que le lilas, on aurait dit... du thé. De ses ongles, il enroula une touffe de cheveux châtains. La chambre d'Émeline était bien rangée, mais pas nettoyée. Au moins, rester sous ce lit était agréable. Il trouva une bestiole en train de courir devant ses doigts, un insecte vert avec des ailes en forme de triangle. Il l'attrapa et le fourra dans sa bouche. Lorsque les parents d'Émeline la quittèrent, en lui promettant de revenir pour lui donner son repas, le rat devenu humain sortit. En fourrant le petit doigt dans son oreille, il demanda :

« On est où ?
— À Poneyville l'informa l'enfant. »
Elle grimaça, écoeurée, lorsqu'elle le vit lécher la cire qu'il avait récoltée de son oreille.

Après ce qu'il s'était passé, il était impensable pour lui de remercier Émeline pour la gentillesse. Il resta plusieurs jours, caché sous son lit ou dans sa chambre, discutant avec elle : l'enfant lui parlait, beaucoup, et lui, il se contentait d'approuver d'un signe du menton en songeant à trouver une solution pour retrouver sa forme normale. Celle-ci lui revint brusquement, de la même manière que lorsqu'il s'était retrouvé humain. C'était en pleine nuit, Émeline dormait, alors que lui, songeant à partir. Et comme si le sommeil de l'enfant l'avait défait de son charme, Roussard était redevenu un rat. Il arracha la chemise de nuit de son corps, il la troua avec ses pattes griffues, et il jeta un regard à la gamine. Enfin ! Il pouvait se débarrasser d'elle. Dans un soupir, il grimpa sur son bureau, silencieusement, et il ouvrit la fenêtre ; il l'avait vu faire ça plusieurs fois, et il savait imiter les humains. L'air froid de la nuit passa sur ses poils, il en frémit ; enfin, il ressemblait à quelque chose ! Il s'enfuit par la fenêtre, comme un voleur ; il avait pris au passage un morceau de gâteau que les parents de la petite lui avaient laissé. Il grava dans sa mémoire le visage de l'enfant, et enfin, il put connaître la liberté.

Pendant plusieurs mois, Roussard erra dans Wonderland, apprenant à connaître ce monde, dont il avait été longtemps séparé, entravé par les barreaux de la cage, et sa laisse. Il comprit vite qu'il n'y trouverait jamais sa place. Les rats n'étaient pas les amis des humains, et même si Wonderland était parsemé de créatures étranges, on réservait que du mépris et du dégoût pour sa race. Roussard s'était attendu à ça, il ne se retrouva pas peiné ; il haïssait l'humanité, il ne voulait pas partager son existence avec elle. Il vagabonda à Crimson Spook, où il resta un moment, se nourrissant de ce qu'on jetait là-bas. C'était un lieu mouvementé, il se confronta trop aux humains pour s'y établir. Là-bas, alors qu'une nuit, il fouillait dans les poubelles pour se nourrir, le rat retrouva une silhouette familière.

Des cheveux bruns, peignés avec soin, une jolie figure masculine, et un sourire suffisant. C'était le P'Pa, en train de discuter avec une fille de petite vertu. Roussard sentit ses poils se hérisser, ses pattes griffues se refermèrent sur le bout de viande pourrie qu'il avait trouvé, alors que ses yeux suivaient la silhouette. Son parfum de sueur était toujours le même. Plusieurs mois étaient passés depuis cette nuit infernale, et il le retrouvait en train de se promener. Ce vicieux. Son créateur. Magicien de pacotille. Roussard prit une grande aspiration, il fourra le morceau de viande dans sa trogne, et son corps disparu dans une volute de fumée. Il plongea dans l'ombre du P'Pa, dont le bras était posé autour de la taille de la putain. Elle puait d'ailleurs ! Et ça lui piquait les yeux. Il le suivit ainsi, jusqu'à un autre quartier de la ville. Lui, il ne pouvait pas interpréter toutes ces vitrines comme un signe de luxe, il se contentait d'y considérer que ce n'était qu'une image de la folie humaine. Un regard lui suffisait pour qu'il comprenne que c'était un lieu de souffrance, où le P'Pa emmenait la fille. Un immeuble présentant bien, avec des lumières colorées apparaissant derrière les fenêtres. Roussard parvint à entrer à l'intérieur du bordel, et il continua de suivre le P'Pa jusqu'à ce qu'il ferme la porte devant son museau. Derrière les murs, il entendait le petit jeu sordide de l'humain, alors qu'il faisait crier la femelle ; de jouissance ou de douleur, Roussard ne parvenait pas à le déterminer. Il attendit donc, invisible, jusqu'à ce qu'il ressorte. La fille était dans un sale état, il lui avait arraché une poignée de cheveux blonds, et elle saignait au nez. Il haussa les sourcils, mais il reprit sa filature.

Le P'Pa se dirigeait vers sa propre maison. Lui, il avait refait sa vie. Il s'arrêta devant son seuil, il regarda sa montre à gousset, puis il entra. Vite, Roussard le suivit, en manquant de coincer sa queue dans la porte. C'était très différent de ce qu'il avait vu jusqu'ici. Les murs étaient très hauts, décorés avec des têtes d'animaux, ce qui lui donna une forte colère. Il renifla son parfum, alors qu'il continuait de marcher ; ses chaussures de cuir frappaient sur le sol. Son ombre n'était pas celle d'un homme, mais d'un rapace. Il rentra dans son bureau, Roussard l'y rejoignit. Ce qu'il y vit lui donna mal au coeur.

Le rat planta ses griffes dans le carrelage. Il y avait des cadavres de bêtes ouverts, des livres jetés un peu partout, des cages encore, mais vides. Les expériences magiques du P'Pa ne s'étaient pas arrêtées, au contraire ! Elles avaient empiré ! L'humain s'assit, il ouvrit l'un de ses bouquins poussiéreux, puis il fouilla sur une étagère pour prendre une fiole de... rouge, maintenant, il savait ce que c'était, cette couleur. Une odeur de sang se mêlait à celle de la pourriture, et de... magie ? La sueur du P'Pa était forte, elle surplombait le reste des odeurs. Silencieux, telle une ombre, Roussard se dirigea vers ses travaux. Sur une table, il reconnut un regard familier.

Une truffe écrasée, un pelage semblable au sien, qui avait perdu son éclat, et surtout... la langue tranchée, les pattes coupées, comme pour l'empêcher de s'enfuir. Des vers avaient élu séjour sur sa mâchoire, et un liquide violet s'écoulait depuis ses oreilles. L'une était déchirée, l'autre était cassée. Roussard resta béat, choqué. Les larmes, c'était un truc d'humain, ça, et pourtant... à cet instant, il aurait aimé pouvoir pleurer. Dressé sur ses pattes arrière, comme un humain, il observa le résultat des expériences magiques du P'Pa... sur son frère. Il ne savait pas exactement ce qu'il avait cherché dans cette créature, ce que sa cruauté avait désiré... il approcha sa patte griffue de celle arrachée du rat. Elle retomba le long de sa cuisse, alors que le P'Pa se retournait. Il se dirigea vers le cadavre, il chantonnait. Avec une épingle, il avait rafistolé sur un morceau de peau les cheveux de la putain. Il n'y avait aucun sens à ses actes, il n'y avait jamais de raison aux actes des hommes.

« Oh... »

Roussard releva ses yeux sur le P'Pa. Le choc lui avait fait perdre son invisibilité. L'humain ne parut pas si surpris de le voir, c'était comme s'il l'avait attendu depuis le jour où il avait jeté le chaos sur le Cirque. Le rat était comme mort, vide. Il n'y avait plus aucune importance désormais. À quoi bon ? Le P'Pa jeta les cheveux sur le cadavre de son frère, il l'observa, presque scientifique, puis il tourna autour de lui, comme un chat le faisait avec une souris.

« Combien de temps ? Combien de temps je ne t'ai pas vu, ma petite création ?
—... Tais-toi. »

L'homme s'arrêta brusquement, il écarquilla les yeux, il lança :

« Tu sais parler ? Comme les hommes ? Fascinant ! Tu es un sujet fascinant !
— Tais-toi. »

Sa voix... lui était insupportable.

« C'est dans l'ordre des choses... le monstre retourne auprès de son créateur, tu veux lui demander pardon ? Fit-il sur un ton narquois. Je pourrais te dire qu'il n'a pas souffert... mais je mentirais. Lui, il apprit — malgré lui — de son erreur. Il aurait dû rester la marionnette qu'il était, et ne pas ronger ses fils. C'est toi qui a eu l'idée de toute cette révolution ? Inocryable. Je ne pensais pas qu'un rat y penserait. Une bête... ne peut pas avoir ce genre d'idée... normalement, vous n'êtes pas des humains. Tu as dépassé...
— Tais-toi ! »

Roussard poussa un cri de rage. Il sauta sur le P'Pa, griffes en avant, et tenta de les lui planter dans la gorge. Il se rata. L'homme l'attrapa par la patte, et le jeta plus loin. Son dos fracassa une étagère, il tomba en avant, le souffle court.

Le tuer ! Il allait le tuer ! Le chagrin s'était effacé, dès l'instant où il avait entendu sa voix. Il la détestait cette voix ! Elle était impérieuse, méprisante, accompagnée de mots rabaissants. Il l'avait tué ! Il l'avait tué ! Et cette pensée obsédait Roussard. Il mordit sa langue, puis il fonça à nouveau sur le P'Pa. Au moment où ce dernier tenta de lui donner un coup de pied dans l'estomac, il disparut, et réapparut derrière lui. Il s'accrocha à son dos, ses petites pattes griffues s'accrochèrent à ses cheveux qu'il tira de toutes ses forces. Sa gueule s'ouvrait sur sa nuque, il allait le saigner comme les humains faisaient saigner les porcs ! Ce bâtard ! Il mordit son oreille. L'homme poussa un cri, il se débattit autant qu'il le put. Mais Roussard restait collé dans son dos, prêt à lui arracher la peau avec ses griffes. Toutefois ; quelque chose merda. P'Pa s'étala en avant, Roussard le suivit. Le silence survint entre les deux, tandis que l'homme observait le rat.

« Ah... intéressant, vraiment. »

Roussard palpait son visage, terrorisé, il constatait que ses poils avaient de nouveau disparu. Ses pattes étaient des mains, et il était totalement nu devant son créateur. Celui-ci profita de sa confusion pour le frapper dans la mâchoire, il sentit ses dents brûler à ce contact. Sonné, il ne put le battre. Il sentit juste ses poings s'enfoncer dans sa poitrine, le sang percer ses narines, et couler depuis sa bouche. Il l'attrapa par ses cheveux — après tout, n'était-il pas le plus rancunier des deux ? — et il le tira jusqu'à une cage. Roussard gémit douloureusement, il fit tout ce qu'il put, mais il se retrouva enfermé. Le P'Pa l'attacha aux barreaux de la cage, il le lia les mains, et il regarda son oeuvre.

« Tu vas apprendre où est ta place, sombre merde ! »

Le rat transformé en humain se roula en boule. Quelque chose... une pulsion à laquelle il ne pouvait pas échapper. Elle s'était réveillée dès qu'il avait entendu la clef entrer dans la serrure. Il se posta dans un coin, réagissant de la même façon qu'autrefois. Il se haït de réagir de la sorte, mais son corps ne lui obéissait pas. Il tremblait, ses jambes étaient ramenées contre sa poitrine. C'était comme si le P'Pa avait ravivé toutes ces années — mois ? — de servitude. La peur de se faire blesser. La terreur de finir comme le chien savant que Monsieur Loyal avait abattu. Tué pour servir d'exemple. Et pourtant, le rat avait une forme humaine. Mais ces sens... il les jugeait trop faibles et déroutants, il ne savait pas y faire avec. Ses poignets s'étaient épaissis, ses ongles s'étaient raccourcis. Prostré de honte, il se tenait derrière la cage, comme un animal servile, apeuré par son maitre trop brutal. La peur lui pénétrait la poitrine. Roussard se rendit compte qu'il risquait de finir comme son frère, éventré, bouffé par les vers. Parasité par la cruauté du P'Pa.

« T'as de la chance que j'ai un rendez-vous pressant, sinon, je me serais chargé de toi. »

Le P'Pa se retourna après avoir frappé la cage, ce qui le fit couiner de terreur. Il l'observa avec cette vision bizarre s'éloigner. Pendant ce qu'il lui sembla une éternité, Roussard tenta de réfléchir. Mais dès que ses pensées se formaient, elles explosaient aussitôt à cause de l'angoisse. Il était à nouveau une créature servile, enfermée, incapable de se défendre des humains. Il risquait de se faire tuer par le P'Pa à son retour... non, il mourrait, comme son frère. Ses yeux d'humain ne le préservaient pas du cadavre. Des mois de torture, sans doute, passés dans le même état que lui. Sa respiration haletante était l'image de son esprit. Il perdait l'esprit, angoissé, et il grattait la cage comme s'il pouvait y faire un trou, et s'y faufiler. Les minutes — les heures ? — passèrent, victime, il ne put reprendre son calme. Pourtant, il se disait qu'il devait le faire, appréhender la situation, et trouver un plan. Après tout, n'était-ce pas ainsi qu'il s'était enfui ? Le rat dans la peau d'humain trembla.

« Hum... »
Il releva la tête ; il avait entendu une voix qui n'était ni la sienne, ni celle du P'Pa. Il le chercha d'ailleurs, « au cas où », mais il ne rencontra qu'une ombre bizarre. Elle se trouvait devant la table où reposait l'autre rat. Elle avait vaguement la forme d'un castor, chose qui le rassura d'une certaine façon. Il ne pouvait pas faire confiance aux humains, mais aux rongeurs ! Il était comme lui ! Certainement comme lui ! Il ne songea pas un seul instant que tout cela pouvait être le produit de son imagination. La forme lui parlait, sa voix résonnait dans son crâne, et elle était là, le regardant.

« Dis-moi... Roussard, que cherches-tu le plus ?
— C'mment vous connaissez mon nom ?
— Je connais tout de toi. »

Elle le tirait de son angoisse, elle le poussait vers une rationalité. Il haussa les épaules :

« Trouver un endroit... où j'pourrais vivre avec les miens.
— Si je réalisais ce souhait, serais-tu prêt à me donner ton âme ? »

Son âme ? C'était quoi une âme ?
« Ça se mange ? Demanda-t-il.
— En quelque sorte... »

L'humain — le rat ? — se redressa, il posa ses doigts autour du barreau, et il tenta de capter le regard de l'ombre. Il ne savait pas pourquoi, il crut le voir imaginer. Avec détachement, il fit :

« Ouais. »

Un autre sourire ? Non. Il voyait mal. Il faisait noir, mais l'espace de quelques minutes, cette présence vaporeuse lui avait apporté de la lumière. L'ombre sembla lui faire signe, avant de disparaître dans un nuage de fumée. Il plissa les yeux, brusquement, il parvenait à mieux discerner les choses perdues dans les ténèbres. Il baissa la tête vers ses mains, et il se rendit compte qu'il avait repris sa forme de rat. Quelque chose dans son coeur changea. Il allait faire payer à ce connard ! Une bonne fois pour toutes. Ses pattes passèrent entre les menottes, mais s'il était libéré de ses chaînés, il ne l'était pas de la cage.

Lorsque le P'Pa revint, la lumière lui brûla les yeux, mais Roussard sut qu'il devait agir tout de suite. L'humain sifflotait, l'air joyeux, et il se dirigeait vers la cage. Il se pencha devant elle, il fronça les sourcils, et il jura :
« Merde ! Où est-il ? »

Il ouvrit alors les barreaux, il mit la tête à l'intérieure pour comprendre comment il avait fait. S'il avait eu un visage, le rat aurait souri de satisfaction. Ses pattes glissaient sur le sol, il jeta un regard désolé au corps de son frère, puis il commença à se faufiler un peu partout. Il savait qu'il ne pourrait pas le battre à armes égales, car elles ne l'étaient pas dès le départ. Il faisait la taille d'un enfant humain, il n'avait pas sa force, et sa vision aussi précise. Le combat serait vite perdu. Toutefois, Roussard n'était pas con ; il avait appris des humains, et il savait maintenant comme retourner leurs armes contre eux.

« Où es-tu ? Je sais que tu es lààààà... Je t'eeeeeenteeeend. »

Lui aussi, l'entendait, pensa-t-il alors. Mais plus pour longtemps. Sous la table, le rat observait ce dont il pourrait se servir. Toute cette lumière lui brûlait la rétine, ses moustaches frémissaient, ça lui fatiguait le cerveau. Et dans l'espèce de laboratoire de magie de P'Pa, il sentait une odeur bizarre. Celle de la sorcellerie ? Non... ça venait des fioles rangées sur l'étagère derrière lui. P'Pa marchait calmement, les mains derrière le dos, il s'élançait, presque paternel :
« Allons... viens partager mon amour.
— Partager ? Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Roussard plaqua sa patte griffue sur son museau, eh merde... il s'était trahi. Le P'Pa fronça les sourcils, il chercha la source de sa voix, et il se rapprocha de la table. Il voyait que ses jambes, rien que ça, et il s'imprégnait de son odeur. Il devait la graver dans son cerveau, et ne pas l'oublier, jamais. C'était son épée. Le P'Pa prit la tête du cadavre, il l'inspecta en chouinant :
« Je vous ai tous aimés, tu sais ? Toi... et les deux autres. Mais... il y a une chose que je déteste, et c'est la désobéissance. Il a crié très fort, lorsque j'ai mis fin à ses jours pour mes expériences. »
Roussard n'écoutait pas. Il se concentrait sur l'étagère. Le P'Pa lui bloquait la route, il posa alors une patte sur le carrelage. Il se faufila de l'autre côté, et plongea vers l'étagère. Il devait la faire tomber, et vite... sa queue se balança dans les airs, et il enfonça ses griffes dans le bois. Il réapparut l'espace d'une seconde.

« Qu'est-ce... mais t'es complète... »

Le rat poussa l'étagère sur le côté, elle pencha dangereusement, alors que le P'Pa fonçait sur lui. Il recommença jusqu'à entendre les fioles s'écraser sur le sol. À nouveau, il se concentrait sur l'odeur de sueur du P'Pa. Une odeur épicée, singulière. Le verre se brisa en éclats, les divers liquides se répandirent et se mélangèrent. Il discerna mal l'expression du P'Pa, il sentit juste sa peur le transpercer. Ah... chacun son tour ! Il fondit sur le côté, un mélange d'acide et de soufre lui piquait le nez. Ou c'était autre chose ? Il ne connaissait pas ces odeurs. Mais dès que le P'Pa se rapprocha, il y eu... Roussard ne pouvait pas le décrire. Il ne comprit pas, en réalité ; le noir emplit la pièce, et une épaisse fumée lui écrasa la truffe. Elle encrassa ses poumons, il toussa, en entendant le P'Pa en faire de même.

« Sale petit bâtard... t'es complètement con ! Tu peux nous tuer ! »

Comme si ça avait de l'importance ! La fumée l'empêchait de voir. Le monde était devenu un rideau opaque, derrière lequel il tentait d'avancer. Il s'arrêta de bouger, il recouvrit ses yeux avec sa patte ; ça les piquait, ce truc ! Il renifla, la fumée empesta d'abord les autres odeurs, mais il devait y arriver. Sa sueur... une épice bizarre, qui lui avait toujours été désagréable, il ne savait pas pourquoi. Mais il la percevait parmi les différents effluves. Alors... doucement, il se dirigea vers sa source. Il n’était pas loin de la table, alors il grimpa dessus. Sa patte frôla la tête de son frère, il sentit un frisson le traverser, mais il ne s'émut pas plus. Le responsable était à quelques mètres de lui. Alors, il poussa sur pattes, et il bondit sur lui. Ses griffes s'accrochèrent à son cou, il lacéra sa peau, il planta ses dents dans son oreille. Le P'Pa hurlait et gesticulait dans tous les sens, il se cogna contre le mur, et tenta de l'écraser contre celui-ci. Il sentit les os de son épaule craquer, mais furieux, il continuait de se coller à lui. Lorsqu'il tenta à nouveau de l'écrabouiller, il perça l'oreille ; il goûta au sang de l'homme. Et dans un mouvement de la tête, il lui arracha un bout de l'oreille. Le P'Pa poussa un cri de douleur, ses griffes s'enfoncèrent plus profondément dans son cou. Le P'Pa toucha la plaie, et il lui mordit le doigt. Nouveau hurlement. Il prenait presque du plaisir à lui faire ça ! L'esprit embrumé par la rancune, il le fit tomber contre le carrelage. Il sauta sur le côté, il tourna autour de lui, à quatre pattes. Le P'Pa se redressa, il sembla le voir, mais l'espace d'une seconde. Surgissant depuis les ombres, il le refit tomber. Ses pattes arrière s'enfonçaient dans son ventre, tandis que les autres donnaient des coups sur son beau visage.
« Partager ? PARTAGER ? »

Il enfonça son pouce dans ses yeux. Son sang était chaud, brûlant même, et son odeur ne lui était pas désagréable. Il continua, furieux, lui arrachant la peau, lui éclatant les globes oculaires en hurlant :

« PARTAGER ? ALORS, PARTAGE MA DOULEUR ! »

Les bras de P'Pa se levaient et tombaient dans tous les sens, il était comme une créature mécanique, dont le système partait dans tous les sens. Roussard le maîtrisait de tout son poids de rat, alors que violemment, il se vengeait. Dans son dos, il sentait le regard vide de son frère. Il s'était rappelé qu'il avait été son frère, dès qu'il avait vu le cadavre. Les humains ! Il les haïssait si fort... les tuer tous ! De la même façon que celui qu'il était en train de massacrer ! Des bouts de peaux se coinçaient dans ses crocs et dans ses griffes, le sang explosait depuis sa chair. Il continua... jusqu'à ce que son corps cesse de bouger, et que sa poitrine s'affaisse une dernière fois.

Ses pouces étaient encore plantés dans ses orbites, lorsque le monstre poussa son dernier souffle. Malheureusement pour Roussard, il ne sentit aucune sérénité l'envahir. Abasourdi, il leva la tête vers le plafond, épuisé, mais toujours plein de colère. Cet acte de Justice ne lui apportait rien ! Il ne le débarrassait même pas de sa culpabilité ! Le sang de son créateur s'était collé à ses poils... du sang d'humain ! Il frémit, écoeuré, et il sauta hors de ses entrailles. Ses vêtements s'étaient déchirés au niveau de son ventre, et sur celui-ci, on remarquait les griffes qu'il avait faites. Avec sarcasme, Roussard songea alors qu'il n'aurait plus à prendre soin de ses jolis cheveux dans cet état, il ne ressemblait à rien. Il ne s'était jamais imaginé que le corps des hommes pouvait contenir autant de nerfs, autant de peau... il soupira. La tristesse emplit ses poumons. Où étaient ses frères ? Que restaient-ils d'eux ? Des vers dans de la chair, et c'était tout. Le rat grogna de douleur, elle bloquait sa voix dans sa gorge. Il se souvint alors de la voix, et de ce qu'elle lui avait promis en l'échange de ce machin qu'elle appelait « une âme ». Un territoire... un endroit où il pourrait recueillir les siens. Former une société, comme les hommes, et les renverser. L'image plut à Roussard.

Avant de se terrer dans les Ruines de l'Ancien Monde, le rat se rendit à Poneyville, poussé par l'envie d'obtenir des nouvelles d'Émeline. Après tout, c'était elle qui lui avait donné un nom ; elle lui avait appris à nommer les choses. Même si au départ, ce n'était que le désir d'une enfant d'avoir un animal de compagnie, ce dont il avait conscience. Cependant, lorsqu'il se rendit chez elle — il se souvenait parfaitement du chemin —, il ne la retrouva pas. Chez Monsieur Rousseau, il apprit sa mort. Lorsqu'il posa des questions, on lui répondit qu'elle avait été un vilain cheval, et qu'on l'en avait puni. Songeant qu'ils étaient fous, Roussard n'insista pas. Il était triste. La fillette était la seule humaine pour laquelle il avait ressenti de la sympathie.

Le reste... ce ne fut qu'une longue suite d'efforts. Exécuteur, il devint aussi le chef d'un groupe de créatures lui ressemblant. Comme promis, il obtint son territoire, une sorte de réseau souterrain situé dans les Ruines qu'il appela symboliquement « Raah T'al'Seum ». Dirigé un groupe aussi important n'était pas facile, mais il obtint un semblant d'harmonie, malgré le mépris que certains possédaient envers lui ; il se transformait en humain — certes, contre sa volonté —, il n'était pas complètement un rat. Il faisait partie de cette race... mais lui, il savait comprendre leur langue, il savait s'exprimer dans celle-ci. Roussard leur promit qu'un jour, une nouvelle civilisation surviendrait. Ils parviendraient à détruire l'humanité, et leur espèce survivrait, proliférant encore et toujours, il fallait juste se montrer patient.

« Les intrus... seront abattus. »




Derrière l'écran


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24/3/2015, 23:21
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*Rampe jusqu'à la fin de la fiche* Je... l'ai fait! /llamindaface/
Héhéhé, j'aime beaucoup Roussard en plus ton vava va bien avec le nouveau design <3 Bon bah... Comme d'hab' hein! *copy/paste*

Félicitation, ta fiche est validée!

Hell'come, te voilà officiellement membre du forum! Désormais tu ne pourras plus partir.... MUAHAHAHA!
Maintenant que tu es ici chez toi penses à recenser ton avatar, ton pouvoir et ton personnage, si ton personnage est inspiré d'un personnage de fiction ou ayant existé. Aussi, tu pourras demander une maison, ou encore chercher des copains pour RP.
Et puis c'est tout, j'espère que tu te plairas parmi nous, n'hésites pas à voter sur les top-sites et à nous faire de la pub autour de toi!


(Un jour ça sera mon tour... ;^;)
Bref amuses-toi bien avec ce nouveau perso!
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