Mes pas sont décidés sans pour autant être rapides. Mon allure est plutôt tranquille bien que je sois à l’affût de tout ce qui m’entoure. Je ne tiens pas spécialement à être surpris. Cela pourrait devenir fâcheux. Aussi bien pour moi que pour les autres. Et libérer la bête… Non, je ne veux pas. Ce n’est pas une bonne chose. Bien sûr, elle m’avait toujours rendu service, pour ainsi dire… Mais, perdre le contrôle sur elle… J’en avais purement et simplement horreur. Aussi, je poursuivais mon chemin en restant sur mes gardes.

Plus j’avançais et moins je croisais de monde. Normal en même temps. Le lieu dans lequel je me rendais n’avait rien d’avenant ni de festif. Bien sûr, Merova n’était pas des plus accueillants, mais là, il s’agissait du cimetière. Voilà quelle était ma destination. Et pourquoi cela ?... A cause de rumeurs concernant un fantôme, un spectre ou bien la mort elle-même en personne… Rien que ça ?! Tsss ! Ah mon humble avis, tout cela n’était que balivernes ! Spectres ? Fantômes ? Non mais qui croit à ce genre de choses ?! Les idiots nul doute ! Mais bien évidemment, ceux qui colportaient ces ragots prétendaient tous ne pas y croire et pourtant, ils en avaient tous peur. Si ça, ce n’était pas faire preuve d’idiotie ?!... Je soupirais devant tant de stupidité. Pour ma part, je n’y croyais pas… En fait, non. Pour être exact, je m’en fichais complètement. Tout cela ne m’importait que peu. Tant que ces créatures ne venaient pas me chercher des noises, ils pouvaient bien errer où bon leur semblait, cela ne m’intéressait pas. Mais ma Reine, lui, n’éprouvait pas le même désintérêt que moi. Et j’avais reçu la mission d’aller voir ce qui s’y tramait. Après tout, certaines personnes faisant des affaires douteuses et trafics en tous genres, pourraient très bien se servir du cimetière pour cacher leurs activités en les camouflant sous l’ombre effrayante d’un spectre. En fin de compte, quoiqu’il se passait réellement dans ce lieu, je devais en tenir informer ma Reine.

Je me retrouvais devant la grille du cimetière. Elle était vieille, dévorée par la rouille et grinçait en plus ! Le schéma classique pour une histoire d’horreur. Mais moi, je n’étais pas effrayé. Loin de là. Je n’étais plus un enfant à qui le grand méchant loup donnait des cauchemars. L’enfant innocent avait disparu. Dévoré l’Ogre. Dévoré par la bête. Dévoré par la pourriture. Il ne restait plus que la souillure et l’horreur. Et ces deux choses n’ont nul besoin de la peur.

Je pénétrais dans le cimetière. Mes pas résonnaient et brisaient le silence pesant de ce lieu. Je descendais une allée au hasard. Je le traversais d’un bout à l’autre sans y croiser âme qui vive. Ni aucun fantôme d’ailleurs. Ou alors qu’il n’était pas encore arrivé… Bon et bien, il semblait qu’il ne me restait qu’une seule chose à faire : attendre.

Je fis le tour du cimetière plusieurs fois afin de trouver un endroit d’où je pourrais tout voir. Finalement, je décidais de grimper à l’arbre, situé à l’extérieur. Ses branchages surplombaient les tombes et d’en haut, je voyais tout. Heureusement pour moi, que j’étais léger. Je pus ainsi se hisser sans difficulté sur une branche suffisamment solide pour supporter mon poids de roitelet. Je me calais contre le tronc, une jambe dans le vide. Je fixais le soleil rougeoyant disparaître à l’horizon, laissant place à un ciel d’un noir d’encre. C’est dans cette nouvelle ambiance, plus sombre que je patientais que « la mort » fasse son apparition.