Un bruit sec et martial troubla le silence de la Tour désormais endormie en cette fin de soirée banale. L'Ombre s'en était retournée dans ses appartements, un garde était venu prendre la place d'un autre, la monotonie régnait en maître en ces lieux sombres alors que le bruit de pas comptait la cadence, trotteuse sèche et sûre d'elle laissée à l'errance. Dehors, le ciel emplit de nuages laissait de temps à autre la lune envoyer ses rayons sur ces terres fertiles.

L'un d'eux glissa sur l'ombre marchant entre les murs noirs et les torches peu nombreuses qui se mouraient en silence, caressant sa cape blanche d'où ressortait, comme une plaie béante, la croix noire incrustée dans la blancheur du tissus se mouvant à chaque pas.
Seule l'épée accrochée à une ceinture aussi noire que les ténèbres environnantes donnait une première indication de danger, éloignant l'idée saugrenue s'extasiant devant la présence d'un fantôme. Morganna n'en était pas un, pas plus qu'elle n'était une quelconque dame blanche exilée en ces lieux de morts. Pas que ladite dame blanche n'aurait pas sa place cela dit, juste qu'il était peu probable qu'elle tienne une lame afin de se battre.

Un mouvement dehors attira les orbes sanglantes de l'apparente jeune femme, orbes cachées sous son ample capuche qu'elle ne retirait qu'assez rarement. Ses pupilles n'étaient plus fendues par la lumière, formant deux billes noires qui engloutissaient tout mouvement suspect avec une voracité non feinte. Ce n'était pas parce que les choses s'étaient calmées sur le nombre de tentatives d'assassinat qu'il y avait de quoi baisser sa garde. La vouivre posa sa main sur la garde de sa fidèle lame, humant l'air, le goûtant même avec sa langue avant de se détendre légèrement. Ce n'était qu'un simple animal, un petit chat noir prenant la direction des beaux quartiers, où une quelconque personne devait certainement lui donner à manger dès que le félin venait chez lui en ronronnant.

Morganna ne put empêcher un soupir ennuyé de franchir ses lèvres. Ce n'était pas encore ce soir qu'elle allait trouver de quoi s'occuper si cela continuait ainsi. Il fallait vraiment qu'elle se mette en chasse de livres si les événements s'obstinaient à poursuivre la même ronde monotone. Pour un peu elle en regretterait le passé, celui où elle ne faisait que combattre, encore et toujours, riant comme une démente lorsque le sang de ses adversaire la recouvrait d'un magnifique linceul rouge qu'elle prenait plaisir à goûter. Un fugace frisson de plaisir lui lécha l'échine, lui faisant presque regretter cet égarement. Presque, car même si elle n'était pas du genre à se laisser envahir par la nostalgie, elle ne disait guère non au fait de se rappeler quelques souvenirs de ce genre.

Des bruits de pas, autres que les siens, tirèrent la vouivre de ses pensées, la ramenant à l'instant présent. Ce ne fut qu'à ce moment qu'elle se rendit compte qu'elle se trouvait très proche des appartements d'une femme à la peau aussi pâle que la sienne : Moon. Elle n'avait jamais poussée sa curiosité jusqu'ici, bien qu'elle ait croisée de nombreuses fois la générale dans ces couloirs et qu'elle ne savait pas trop quoi penser d'elle. Elle était aussi intrigante que la lune dont elle portait le nom, aussi belle aussi... Et si c'était elle qui arrivait, ce qui était vraisemblablement le cas, voilà bien un événement qui pouvait ébranler son ennui... Au risque d'ébranler ses certitudes.

La berserker haussa mentalement les épaules, balayant sa conscience comme une poussière ennuyante, laissant son corps se tourner vers la dame en armure désormais non loin d'elle, sa voix, calme et atone, déchirait le silence

- Bonsoir général Moon...

La vouivre n'aimait pas lancer les conversations. Elle n'avait jamais appris la rhétorique et ne s'y intéressait pas. Peut être qu'un jour, elle s'en voudra de ce fait, de ne savoir réellement parler qu'à travers les gestes. Mais elle était à des milles de s'en soucier en ce moment. Tout ce qui l'intéressait c'était cette femme en face d'elle. Rien de plus, rien de moins.

Moon passait une mauvaise journée, c'était rien de le dire. Encore une rixe entre une de ses récentes recrues et un berserker. Les autres corps de bataille qui se moquaient du sien commençaient à causer des troubles dans ses rangs et il avait fallu qu'elle châtie le dissident.

L'agacement se lisait sur son visage, d'une dureté à couper le métal. On sentait autour d'elle comme un halo de fureur presque palpable dans l'air. Son visage pourtant si doux, harmonieux, paisible semblait soudain taillé dans la pierre, ses sourcils froncés surplombant deux puits d'une colère sans nom.

Marchant d'un pas vif, rageur, son armure résonnait dans le couloir, écho du courroux d'une âme guerrière. Elle n'avait pas senti Morganna, ainsi emplie de sa propre fureur. Cette vision était très rare, Moon étant réputée pour sa douceur et son calme. A 1 mètre de la jeune femme elle releva soudain le regard, surprise elle-même d'avoir été ainsi plongée en elle-même et aveugle. Par réflexe elle tira à demi son épée de son fourreau, le tintement cristallin de son épée d'albâtre résonnant en écho à celle de son armure.

Clignant des yeux, elle s'aperçut que nul ennemi ne se cachait devant elle et reprit son calme, prenant une longue inspiration, plongeant son arme dans son fourreau. Le trouble se lisait dans ses yeux, pinçant les lèvres, visiblement désolée de son propre geste.

Je vous prie de me pardonner.

Elle inclina la tête dans la même veine, ayant couvert de la voix le salut de la jeune femme. Sincèrement confuse de la méprise elle relâcha la tension dans ses membres pour esquisser un doux sourire en coin.

Morganna Nimue, c'est ça?

Elle s'évertuait à connaitre les noms de chaque personne de la Cime. Les personnes l'intéressaient, non leur fonction et elle s'étonnait de ne pas avoir échanger quelques mots avec cette garde au demeurant charmante. Elle s'inclina respectueusement devant elle, relevant le regard qu'elle fixa sur son regard. Elle sentit un léger trouble en elle, dont elle ne sut percevoir l'origine. Souriant derechef, son visage s'éclaira pour retrouver la joie et l'amabilité qui la caractérisait, la douceur et la pureté de son âme venant percer au travers de l'aspect cristallin de ses iris.

Elle ne l'avait pas remarquée au début, son esprit encore perdu dans les miettes d'un passé lointain, cette aura de fureur qui entourait la général aux cheveux blancs, et qui tranchait singulièrement avec la douceur qu'elle laissait habituellement derrière elle au moindre de ses pas. Nul doute qu'elle devoir avoir eue une bien mauvaise journée, comme cela pouvait arriver de temps à autre dans cette tour aussi noire que les débris de cauchemars échappés du plus abject des êtres.

Morganna se surprit à ne plus vouloir voir le visage de la femme lunaire se retrouver ainsi figé dans une moue féroce qui détruisait l'harmonie tendre de ses traits fins. La colère ne lui allait pas, vraiment pas, son sourire était mille fois plus beau, rayonnant d'une tendresse réconfortante en ces lieux si malsains. Comme la lune, elle semblait pouvoir apaiser, et son sourire était comme une main frêle tendue vers l'autre, une main fine d'où ne se dégageait aucune autre malice que celle d'aider les personnes qui lui semblait sans doute en avoir besoin.

La vouivre ne ft aucun geste lorsque son interlocutrice, de toute évidence encore plongée dans ses pensées peu de temps auparavant, posa la main sur la garde de son épée, la tirant à moitié dans un bruit métallique qui perça le silence. Elle n'avait rien à craindre, la général la reconnaîtrait sans doute avant de commettre l'irréparable. Son instinct ne s'était pour l'instant jamais trompé, pourquoi serait-ce le cas maintenant ?

La berserker secoua la tête. C'était elle qui l'avait surprise, elle n'avait donc aucune raison de s'excuser pour son geste.

- Ce n'est rien, vous aviez l'air perdue dans vos pensées.

Des pensées sombres qu'elle venait de faire déguerpir à grands coups de pieds dans le derrière au vu de la tension qui se déliait chez son interlocutrice. Un léger sourire s'esquissa sur les lèvres de l'enfant des glaces, adoucissant l'expression habituellement fermée de son visage. Elle hocha la tête à la phrase de Moon, laissant sa capuche tomber sur ses épaules lorsqu'elle se redressa de la salutation qu'elle donna à la général.

- Oui, c'est bien cela...Je suis honorée de voir que vous connaissez mon nom...

C'était vrai, même si cela ne semblait pas pouvoir pleinement exprimer l'étrange trouble qui naissait en elle à ce simple constat. Était-ce parce que Moon était un général ? Peu probable, les honneurs ne l'avaient jamais attirée. Parce qu'elle avait une aura aussi déstabilisante que rassurante ? Possible. Parce que c'était une guerrière émérite ? Sans doute... Mais cela ne suffisait pas.

Elle en fut persuadée lorsque leurs yeux se rencontrèrent, iris de sang s'envoûtant dans ceux de cristal, se réjouissant doucement de voir cette femme retrouver sa douceur. Le sourire de Morganna s'agrandit un peu plus, comme contaminé par celui de son interlocutrice, la rendant moins froide et plus... accessible.

- Vous sembliez soucieuse tantôt... Pourrais-je vous aider ?

La garde ne prêtait guère attention aux rumeurs ou autres guéguerres qui existaient au sein des différents régiments de l'armée de l'Ombre, mais cela ne l'empêchait pas d'en être informée, la faisant parfois se demander si certains n'avaient que cela à faire que de chercher des noises à tous ceux qui leur passait sous le nez. Pire que des gosses...

Peut être était-ce cela qui assombrissait les traits de la femme-lune... Sans doute même. Après tout, il n'était guère facile d'être différent de la brute standard qui composait le modèle de base des soldats de leur armée. Mais en tant que compagnons de même galère, la logique de survie voudrait qu'on se serre les coudes au lieu d'enquiquiner son voisin. Mais allez leur faire rentrer ça dans le crâne vous...

Moon cligna une fois des paupières devant les paroles de Morganna. Un honneur? c'était exagéré. Elle s'apprêtait à lui répondre lorsqu'elle se ravisa. En un sens est-ce qu'elle ne ressentait pas à sa manière la même chose?

Elle sentait en elle sa vibration qui semblait ronronner au contact de la jeune femme. Redressant la tête, elle la vit d'un oeil neuf. Oui, en un sens elle pourrait en dire autant, elle n'allait donc pas contredire ce qu'elle devinait être une volonté balbutiante de traduire un ressenti encore flou.

Ce fut lorsque Morganna sourit que Moon sentit une fois de plus ce petit trouble en elle, cette résonance, cet écho qu'éveillait en elle la présence de la guerrière. Une légère rougeur apparut sur ses joues sans qu'elle en ait conscience, bien qu'elle soit visible de l'extérieur.

Lorsque Morganna proposa son aide, le trouble décupla et les entrailles de Moon se tordirent durant une seconde à peine. Une seconde qui lui parut pour autant durer une éternité. La rougeur jusqu'alors discrète décupla de la même manière, sur sa peau parfaitement blanche ressortant sans mal et sans discrétion aucune. Toute sa posture avait changé. De la guerrière farouche et sur d'elle on pouvait ressortir une pointe de la femme qui se cachait en dessous de l'armure.

Tentant de rassembler quelques bribes de sa concentration bien entamée, une porte jusqu'alors fermée en elle s'entrouvrit. Elle revécut ces nuits de solitude totale, elle se remémora chaque fois où dans la nuit elle se réveillait en sueur, sentant que de se réveiller seule était une véritable torture pour elle. Son coeur rata un battement sous l'impulsion de ces souvenirs, un pincement qui l'étreignit pourtant avec la force d'un étau.

Elle entrouvrit la bouche, jetant un coup d'oeil à la porte de ses appartements au demeurant a moins de trois mètres des deux femmes. Le trouble se lut dans son regard à la vue de cette porte, qui marquait toute la séparation entre elle et le reste du monde. Porte inébranlable venant marquer toute la solitude de son existence isolée. Ses yeux se baissèrent un instant avant de se rediriger vers Morg'.

Passant sa langue sur ses lèvres, elle tenta une nouvelle fois de reprendre contenance. Elle était tentée par l'idée, c'était indéniable. Non, ce n'était que peu de le dire, son coeur appelait visiblement à grands cris ne serait-ce que quelques secondes repoussant sa solitude telle la discussion qui se tenait, ici, improbablement, dans le couloir menant à ses appartements.

Je... Hum, oui.

Maudissant soudain toute son attitude empotée, la générale jura intérieurement de tous les noms. Elle devait paraitre bien pathétique ainsi, debout, sans pouvoir enchainer deux mots. Oh cela allait encore jacter ! Pour sûr ! Ses yeux faillirent même s'embuer tellement la situation la mettait à la torture. Fouillant sa cervelle péniblement, elle tentait de trouver une réponse, arrêter de passer pour une idiote.

Je sors d'un long entrainement, je pense ne pas pouvoir passer outre un bain, peut-être voudriez-vous entrer?

Petite idiote ! Ne te rends-tu pas compte de ce que tu insinues là?! Une nouvelle série de jurons plus tard Moon se tenait toujours debout, de plus en plus troubler, perdue au sein de ce chaos qui lui était si étranger, elle qui était conne pour son calme. Qu'allait donc penser la jeune femme de son attitude si loin de sa réputation? Elle était réellement et indiscutablement pathétique. Empotée elle ouvrit et referma successivement la bouche, ne sachant que dire pour rattraper sa bourde. Elle resta ainsi dans l'attente du coup fatal à cette rencontre qui promettait de rompre avec solitude et qu'elle avait gâché en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

Les yeux de Morganna étaient posés sur la guerrière, orbes de rubis caressant la peau blanche de cette femme qui attisait un étrange sentiment au fond d'elle, dissipant les serres de l'ennui qui, habituellement, enserraient la jeune femme dans une étreinte aussi morne que glaciale.

La vouivre ne manqua ainsi pas de noter les légères rougeurs qui étaient apparues sur les joues de Moon. Elle s'était juste contentée de sourire pourtant... Oh certes, elle souriait rarement, mais ayant plus guerroyé qu'autre chose, elle ne se trouvait guère attirante physiquement parlant, même si cela lui passait d'ordinaire à des kilomètres au dessus de la tête. Les rougeurs se firent d'ailleurs plus vive lorsqu'elle proposa innocemment son aide, étonnant un peu plus la jeune femme à la cape.

Il faut dire que la vision de Moon ainsi hésitante et troublée était rarissime, et pour Morganna, presque irréelle alors qu'elle cligna des yeux, déstabilisée, ayant remarquée le va et viens des iris de son interlocutrice entre elles et la porte de ses appartements, porte qui se trouvait à quelques mètres à peine derrière elles.

Leurs yeux se figèrent une nouvelle fois l'un dans l'autre, la garde essayant vainement de comprendre ce qui se passait réellement entre elles alors que la général laissa sa langue glisser sur ses lèvres, faisant ronronner un désir enfoui assez profondément auprès du cœur de la fille des glaces, qui ne put à son tour empêcher quelques rougeurs de s'étaler discrètement sur ses pommettes.

Nul doute que si spectateur il y avait eu pour assister à cette scène, il ne se serait sans doute pas gêner de rire devant l'embarras évident des deux femmes qui, face à face, semblaient peu à peu perdre leurs mots et leur contenance. Un rire qui aurait eu tôt fait de se faire couper par un gargouillement immonde produit par du sang se déversant dans les poumons de l'importun, la lame de Morganna transperçant son torse de son acier effilé.

Cette pensée, la vouivre se surpris à presque regrette qu'elle ne soit pas réelle. Au moins cela aurait pu leur permettre de rompre cette ambiance de gêne désagréable qui les enveloppait avec une malice exacerbée.

La phrase de Moon la tira de ses étranges réflexions, mais décupla les légères rougeurs marquant la peau de l'albinos qui sentit de nouveau ses joues s'enflammer, la mettant au supplice d'une chaleur à laquelle elle n'était pas habituée.

-Ce sera avec plaisir... Si cela ne vous ennuie pas trop...

Cette fois, ce fut la vouivre qui se retint de se gifler dans l'instant. Sa voix n'avait pas pu s'empêcher de balbutier, comme si elle était une enfant bégayant devant un adulte qu'elle adorait, mais par dessus tout, elle avait l'impression d'avoir dit une énorme bêtise, de celle qui vous échappe quand bien même vous essayez de toutes vos forces de la retenir.

Ne pouvant soutenir le regard étonné qui ne manquerait pas de se poser sur sa personne, la garde tourna la tête, rouge pivoine, ses cheveux blancs voltigeant un court instant dans les airs.

- Excusez-moi... Je...

Morganna se mordit la lèvre inférieure, ne sachant que faire. Elle n'avait jamais connu ce genre de situation, pas même lorsqu'elle s'était glissée dans le lit d'autres personnes afin de combler ses envies fugaces. Ce n'était à l'époque rien d'autre que des actes, aucun sentiment n'avait été requis dans ces ébats qui avaient été tous plus ou moins brutaux. Elle avait l'impression en cet instant de n'être qu'une idiote, mais plus que tout, elle avait l'impression d'être vulnérable et désarmée, sentiment qu'elle avait cru enterrer depuis bien longtemps déjà.

Elle ne regardait plus Moon, les yeux rivés au sol noir. La général en face d'elle devait la trouver ridicule. Et c'était le cas non ? Qui aurait pu croire que l'une des plus puissantes guerrières du royaume se laissait ainsi emporter par une gaucherie digne d'une enfant ? Certainement, pas grand monde, et encore moins la principale intéressée. La jeune femme ne put s'empêcher de serrer les poings. Elle était pathétique...

Moon cilla pendant une seconde. Avait-elle réellement bien entendu ce que venait de dire la garde de l'ombre? Fronçant infimement les sourcils elle rouvrit les yeux, doucement, pour la détailler. Elle avait la tête à demi-tournée, sa douce chevelure venant poser un voile enchanteur sur son tout aussi doux visage. Moon sourit de nouveau. Elle ne pouvait s'en empêcher.

Lorsqu'elle s'excusa, le coeur de Moon se serra. Elle comprit qu'une fois de plus elles étaient exactement dans la même position. Désormais rayonnante, il émanait de Moon une lueur blanche apaisante qui pulsait de tout son corps. Elle s'approcha avec une douceur en contrepoint total avec son arrivée fracassante plus tôt. Sans un bruit, malgré son armure, elle fut à un cheveu de la jeune femme, lui saisissant doucement la main.

Ses mains n'étaient pas gantés, ayant retiré cette partie de son armure en revenant de l'entrainement. C'était pour ainsi dire la seule partie de son corps qui était visible à part son visage. Sa peau était douce, comme de la soie, on y sentait aucun relief, cette peau étant d'une irréelle douceur, sans défaut aucun, dont une étrange chaleur semblait émaner, allant de pair avec la lueur. Ainsi sa main se déposa sur celle de Morganna, qu'elle saisit avec la délicatesse d'un marchand de porcelaine, attirant son attention avec tout le calme et l'empathie dont elle faisait preuve naturellement.

Ainsi toute proche de Morganna elle chuchota, sa voix changeant tout à coup de timbre. Elle était soudain telle l'ondée d'un lac paisible, d'une légèreté irréelle.

Il n'y a nulle chose dont vous devriez vous excuser. Venez, à présent, désolée de vous avoir mis mal à l'aise.

C'était l'essence de Moon qui parlait, ce qui créait cette calme et cette pulsation en elle, l'aspect irréel de sa personne qui subjuguait chacun la voyant combattre. Apaisante et rassurante, elle touchait les coeurs comme nulle autre ne savait le faire.

La lueur émanant toujours de chacun des pores de sa peau, elle se dirigea vers le porte, tenant toujours la main de Morganna, avec une légèreté qui lui permettrait sans mal de se glisser hors de sa prise si tel était son souhait. Lorsqu'elle ouvrit la porte elle lança un sourire timide mais d'une sincérité poignante à la jeune femme, l'invitant à entrée, restant dans l'embrasure de la porte sans réaliser qu'il y avait tout juste la place pour que Morganna puisse entrer.

L'intérieur était très neutre, un lit se trouvant sur la gauche, sommaire mais assez grand pour accueillir plusieurs personnes. Sur la droite se tenait un balcon donnant vue sur toute la cité. En face se trouvait une porte entrouverte dans l'embrasure de laquelle une grande baignoire également faite pour plusieurs personnes pouvait être entraperçue.

La rougeur était toujours légèrement présente sur les joues de Moon, dont le regard semblait pétiller d'une lueur qu'on y voyait rarement, où l'on pouvait lire aisément toutes les émotions la parcourant alors qu'elle attendait avec une pointe d'angoisse la réponse de Morganna.

Le visage soigneusement tourné dans une autre direction que celle de la général, Morganna ne la sentit pas se rapprocher d'elle, trop occupée à tenter de trouver d'autres mots pour essayer de se rattraper. Las ! Toutes ses tentatives étaient vaines, les mots et les phrases la fuyant comme autant de papillons effrayés, la laissant seule, empêtrée dans sa gêne.

La main douce sur la sienne la fit cligner des yeux et relever la tête, plongeant ses lacs de sang dans les étendues argentées des iris de la jeune femme si proche d'elle. La vouivre pouvait sentir son odeur, troublante, malgré celle de l'armure qui enveloppait ce corps à la peau si douce. Comparée à cette pureté, la garde avait l'impression de n'être, quelque part, qu'une rustre, ses doigts couverts de fines cicatrices se posant avec quelques hésitations sur cette paume qui lui était tendue. Le calme de Moon ne tarda pas à s'introduire dans ses membres, apaisant ses troubles et déliant les tensions qui l'habitaient.

Sa voix, telle une onde pure, rassura doucement la jeune femme aux cheveux courts qui se remit à sourire, laissant enfin sa lèvre inférieure en paix, cette dernière gardant une légère trace du passage de ses dents blanches sur sa peau fragile.

- Ce n'est rien...

Son cœur battait gentiment, bercé par la douce pulsation qui émanait de son interlocutrice, qu'elle suivit sans hésiter, comme hypnotisée par tant de beauté céleste.

Le sourire que lui lança Moon fit cependant reprendre le rythme erratique qu'avaient pris les sentiments de Morganna, qui rougit de nouveau légèrement. Elle pouvait y lire tant de sincérité que même si elle avait eue l'idée saugrenue de partir elle n'aurait pu la suivre, ne pouvant laisser seule cette étrange général qui l'attirait plus que de raison.

Elle fit donc un nouveau pas en avant, se rapprochant de cette femme sublime dans un claquement sec de ses cuissardes contre le sol froid et austère du couloir. Elle avait remarqué qu'il y avait tout juste la place pour la laisser entrer, elle avait aussi, de ce fait, compris que leurs corps allaient devoir se frôler de très près. Certains auraient peut être dit de "trop" près, mais l'instinct de la vouivre n'avait que faire de ces derniers, poussant la jeune femme aux cheveux courts à répondre à l'invitation muette de la jeune femme face à elle, fragment clair tombé de l'astre lunaire.

Encore un pas, et la garde franchit l'espace les séparant , se glissant au coté de Moon, le visage proche du sien, ne pouvant s'empêcher d'ancrer ses iris dans ceux qui lui faisaient face, son cœur battant un étrange tango déconstruit au creux de ses cotes, son souffle se mêlant au sien du fait de la proximité de leurs lèvres.

Morganna eut du mal à se détacher du regard d'opale pour regarder les appartements de celle dont la paume emprisonnait ses doigts sans même forcément le vouloir. L'apparente simplicité des lieux ne l'étonnait guère, bien que l'on sentait bien que tout ceci appartenait à un général et non à un simple pécore, ne serait-ce que par leur superficie et la présence du balcon qui permettait de voir toute la cité en contrebas.

La jeune femme s'y sentit étrangement bien alors qu'un doux sourire effleura de nouveau ses lèvres craquelées par la journée qu'elle venait de passer au sein de la Cime. Gentiment, elle resserra ses doigts autour de la paume de la femme à ses cotés, amorçant un contact plus franc entre leurs peaux dénudées.

La garde de l'Ombre n'osait cependant pas aller plus loin, bien qu'elle en mourait d'envie, empêchant sa main de monter vers le visage lunaire de la général afin d"y glisser une caresse aussi légère qu'un vol d'oiseau dans le ciel. Rien ne lui disait que l'intéressée n'allait pas être étonnée par un tel geste, au risque de vouloir briser le contact qui reliait leurs corps. Son instinct grogna, la poussant à essayer malgré tout, à se rapprocher encore un peu plus, avalant ainsi l'espace qui séparait leurs visages.

Oui, elle crevait d'envie, une envie qu'elle n'avait encore jamais ressentie aussi violemment, ce qui, en un sens, arrivait presque à lui faire peur. Seule sa volonté d'acier l'empêchait de presser ardemment ses lèvres conter celles de Moon, une volonté qui refusait pour une fois de céder trop vite à ses envies aussi brusques que têtues. Elle ne voulait pas avoir de problèmes, mais surtout, elle ne voulait pas imposer quoi que ce soit à celle qui daignait briser son ennui en l'invitant chez elle.

Le grincement de la porte qui se referma indiqua à la garde qu'elles étaient désormais véritablement seules, coupées du reste de la Tour endormie jusqu'à ce que les événements décident de les y relier...

Moon sentait chaque seconde s'écouler, doucement, comme un lent torrent venant resserrer son étreinte autour des deux femmes. Elle ne pouvait s'empêcher de voir son étonnement croître à chacune de ces mystiques gouttes s'accumulant, voyant la vouivre rester auprès d'elle plutôt que la délaisser.

Un lien immatériel semblait tenir leurs deux corps, les rapprochant, les attirant, étau immuable de quelque volonté divine. Le destin les avait réunies et Moon, pour une fois, fut heureuse de la direction que ses pas lui avaient fait prendre. Rien n'était dicté quant aux évènements à venir mais son coeur semblait vivant pour la prochaine fois depuis sa venue à Wonderland.

Elle sentait son sang pulser contre son cou, son regard se floutant alors que l'émotion lui étreignait les entrailles. Leurs corps étaient à présent presque emmêlés. Son esprit embrumé lui insuffla quelque diabolique image, excluant toute vision de leurs armures respectives. Elle se perdait dans les perles de Morganna, son âme semblant se réveiller pour se donner sans retenue à une nouvelle geôlière.

Une unique goutte de sueur la mettait à la torture, coulant selon sa propre volonté le long de son dos, unique bête sauvage trahissant toute la tension que retenait son corps pour autant habitué à la ressentir, bien que sous une autre forme. La sueur froide réveillait chaque parcelle de son corps, qui lui paraissait soudain presque trop vivant, presque trop conscient de l'autre corps si proche du sien. L'attraction qu'elle subissait faillit lui faire perdre conscience de ses actes.

Leurs visages étaient désormais à un rien l'un de l'autre. Ses jambes tremblèrent imperceptiblement lorsque le souffle de Morganna vint caresser ses joues dénudées. Cillant, son regard troublé se plongea plus encore en Morganna, alors que son corps émettait une lueur encore plus forte, alors que sa chaleur ne cessait d'augmenter. Perdant pied, perdant le contrôle de tout ce qu'elle ressentait, elle n'existait plus que pour cette félicité grandissante et pourtant loin d'être à son apogée. Toute la solitude qu'elle éprouvait jusqu'alors se craquelait, vestige d'une vie passée destinée à retourner à l'oubli. Renaissant sous une nouvelle forme elle semblait tant à la fois voir pour la première fois et ne plus voir du tout, les autres sens à l'intérieur prenant le pas sur tout le reste.

Tout son corps à l'intérieur pulsait, sa langue revenant balayer ses lèvres, rondes, pleines, immaculées, les remettant encore davantage en relief alors que sa douce, si douce, langue, les parcourait avec une lenteur et une douceur irréelle. Elle finit par retourner dans son antre, n'ayant su apporter à Moon quelque contenance pour pouvoir parler, même bégayer.

Son souffle était erratique, dégageant une fragrance fraiche, pure, et pourtant torride. Ses yeux s'étaient fermés à moitié alors que tout son corps lui imposait de s'abandonner à tout ce qui tourbillonnait en son sein. Son cou à demi-révélé sous l'armure était d'une blancheur presque malsaine, semblant presque réclamé qu'on vienne l'altérer, terriblement attirant et obnubilant. Tout le corps de Moon semblait telle la neige éternelle, vierge de toute trace, et ainsi terriblement attirante pour celui qui voudrait y apposer sa marque.

Elle baissa un instant les yeux, image d'une timidité latente, tout son minois s'animant alors qu'une rougeur revint visiter durant un court instant ses joues. Elle finit par les relever, braquant sur Morganna l'éclat cristallin de ses iris désormais brillantes de passion et non d'hésitation. Elle ne réalisa qu'à cet instant que sa seconde main s'était relevée à moitié pour rejoindre le visage de la source de son émoi. Elle en stoppa le mouvement, appréciant par trop le moment, miracle fragile que le moindre mouvement menaçait de briser.

Elle ne réalisa pas un instant que la porte s'était refermée, sa main prenant soudain des libertés avec sa volonté, son index venant doucement, imperceptiblement d'abord, caresser l'intérieur de la paume de Morganna, y déposant onde de douceur sur onde de douceur, léger va et vient totalement indépendant de l'esprit de Moon. Elle se mordilla doucement la lèvre inférieur, ce qui la fit ressortir davantage encore, la bombant vers Morganna. Ses dents blanches, le bleu profond de ses lèvres se teintant d'un violet indécent sous l'afflux de sang.

Le même sang battait à ses tempes, brouillant sa vue, émoustillant chaque pore de sa peau, ce même sang qui la faisait se sentir terriblement vivante en cette seconde. Son autre main, sans même en avoir conscience, rejoint l'autre main de Morganna, la saisissant dans sa douce étreinte, lui faisant subir la même caresse endiablée du bout du doigt, tout son corps semblant saisir sa propre volonté, se mettant en phase avec celle qui obnubilait désormais ses pensées.

C'était irréel, impensable, cela tenait de la magie. Une mèche de cheveux de Moon s'était libérée de sa chevelure pourtant parfaitement attachée, venant doucement, terriblement lentement glisser le long de sa joue pour venir se poser devant son oeil gauche, un sourire en coin, finissant d'illuminer son visage, l'y rejoignant. Moon plongea une ultime fois dans le regard ardent de la vouivre, s'y abandonnant, dans l'expectative de son éternelle réponse, du prochain pas qu'elle ferait...

Le temps semblait s'être arrêté, figeant l'instant de grâce dans lequel se trouvaient les deux guerrières, leurs souffles se mêlant en même temps que leurs hésitations respectives. Le silence les englobait, cocon doux venant sublimer le moindre battement de cœur, le moindre frôlement de peau.

Morganna aurait pu rester éternellement ainsi, ses yeux s'abreuvant aux lacs gelés des iris de la général, ses doigts liés à sa paume, respirant son odeur d'une douceur entêtante et mystique qui faisait ronronner de fièvre l'instinct serpentaire de la jeune femme.

Elle était si belle, si hors du temps... Sa peau était pareille à la neige qui avait formé son corps, neige où le berceau et le tombeau s'étaient entremêlés pour ne faire plus qu'un, laissant à l'enfant qu'elle était le soin de se repaître du cadavre de son créateur gelé, tâchant le linceul immaculé de quelques gouttes de sang pourpre... Et Morganna avait tant envie de laisser ses doigts glisser sur cette peau d'albâtre, tellement envie d'y poser ses lèvres et ses dents en un baiser possessif de la couleur du rubis.

Sa volonté se rebella contre cette vision pour tant si attirante, dernier lien fragile qui peinait à retenir ses élans. La tâche ne devint que plus ardue encore lorsque Moon laissa sa langue glisser sur ses lèvres, ne les rendant que plus ensorcelantes encore.

La vouivre retint son souffle, sentant ses entrailles se contracter, apportant à son esprit déjà embrumé une allégresse qui lui était jusque là inconnue. Elle se raccrocha instinctivement à la main de celle qui l'envoûtait, tentant vainement de ne pas perdre pied, sa respiration s'accélérant légèrement alors que sa raison, battue en brèche, ne parvenait plus à soutenir sa volonté qui s'érodait au rythme lancinant des secondes qui s’égrenaient.

Un frisson saisit son corps lorsque la général plongea une nouvelle fois ses iris dans les siens, iris dont l'éclat sauvage laissait à voir un désir dévorant qui finit de consumer celui de la garde qui entrouvrit ses lèvres, aspirant le souffle envoûtant de la jeune femme en armure qui entêtait ses sens.

Ce fut encore pire lorsque ses mains caressèrent les siennes, la faisant rougir sous l'agréable sensation qui faisait vibrer chaque fibre de son être, l'empêchant de retenir un soupir de bien être qui lui sembla être un coup de tonnerre dans l'atmosphère silencieuse de la pièce.

La garde n'avait pu interdire à son corps de se rapprocher de manière infime, ses jambes s'affaiblissant inexorablement sous la puissance des sentiments qui tourbillonnaient en son cœur. Toute sa volonté s'enlisait, ses chaînes se rompant petit à petit, pour le plus grand plaisir de son instinct qui faisait frissonner d'anticipation la moindre parcelle de peau de la jeune femme. Elle ne quittait pas des yeux ce visage si séduisant dont la lumière caressait ses pommettes, soulignant ses traits fins durcis par la cicatrice qui courait sur le côté droit de son visage.

Son regard fut capturé par la mèche de cheveux qui venait de s'échapper de la coiffure pourtant impeccable de Moon, ruban de soie blanche qui semblait l'encourager à poser son épiderme sur cette joue tentatrice.
Lentement, presque timidement, elle avança sa main, glissant ses doigts sur cette mèche qu'elle replaça doucement derrière son oreille, avec une tendresse qu'elle ne se connaissait pas, frôlant légèrement la joue de la jeune femme.

Ce fut à cet instant que sa volonté rendit les armes, laissant son désir enivrer sa conscience sans autre limite que celle de son corps. La vouivre posa délicatement sa paume contre ce visage si hypnotisant, ses iris rouge sang brillant d'un feu insatiable et presque halluciné. Elle se rapprocha encore un peu, comblant la distance qui séparaient leurs bouches dans un souffle brûlant et sauvage.

Morganna posa ses lèvres sur celles de la général, abandonnant toute pensée cohérente, les yeux clos, alors que ses cheveux blancs coupés court venaient frôler le visage lunaire qui avait réveillé ses désirs et fait naître en elle un étrange sentiment où douceur et violence se mêlaient dans une danse implacable au creux de ses reins. Son cœur battait la chamade dans la cage de ses cotes, faisant vibrer ses tempes au rythme lent de ses doigts caressant la peau blanche qui l'enivrait tellement.

La garde voulait aller plus loin, et sa langue vint timidement caresser les lèvres de la femme-lune, quémandant un droit de passage afin de pouvoir aller voir sa jumelle et se lier à elle. Elle se languissait de ce contact, n'osant pas encore imaginer la suite, bien que l'image de leurs corps entrelacé vint effleurer son esprit. La main qui tenait encore celle de la général s'était resserrée sur la paume de celle qui était pour elle la tentation incarnée, répondant instinctivement aux craintes de la belle. La nuit qui venait de tomber ne l'engloutirait pas loin d'elle, et son baiser venait sceller une promesse inconsciente, celle de ne pas la laisser seule...

L'éclat du regard de Moon sembla se figer durant un instant se faisant éternité en elle. Elle sentit plus qu'elle ne vit la main de Morganna suivre son inexorable course pour venir rejoindre son visage. Ses yeux se fermèrent, tous ses sens s'ouvrant à ce contact.

Puis, tout éclata.

A l'intérieur de sa tête plus rien n'avait de sens, elle sentait cette peau irréelle semblant littéralement irradier en elle, elle pouvait sentir chaque parcelle de Morganna directement EN elle comme si elle se transposait elle-même dans son corps.

C'était une sensation qui n'avait aucun sens, elle était elle-même perdue à l'intérieur de son chaos émotionnel. Elle sentit une nouvelle fois la paume épouser complètement sa peau, l'électrisant, véritable choc, tout son être vibrant à ce contact.

Le temps s'arrêta, tout l'univers lui-même sembla s'arrêter, la vie elle-même retînt son souffle pour laisser les deux femmes profiter de ce qui allait arriver.

Puis vînt le baiser.

Morganna l'ignorait surement, mais c'était le premier de Moon. Recluse depuis son arrivée à Wonderland, elle n'avait d'autre vie sociale que celle que lui imposait son rôle de générale. Elle s'ouvrit alors à Morganna, maladroitement, innocemment. Entrouvrant la bouche, elle saisit la langue de Morganna entre ses deux lèvres, la suçotant légèrement. On sentait toute l'innocence du geste, toute l'inexpérience, maladroite et timide qui tentait de comprendre ce qu'elle devait faire.

Elle fondait littéralement, tout son être basculant dans une félicité où nulle pensée ne pouvait venir temporiser ses actes. Sa main droite vînt, doucement, encercler la taille de Morganna, la pressant contre elle. Mi-enivrée mi-paniquée, elle se perdait en elle-même. Alors vînt la pulsation.

Sans le savoir, Moon s'ouvrit pleinement et totalement à Morganna. Son coeur s'ouvrit, et la vouivre put sentir ce qui habitait la dame blanche. Elle sentit ce ronronnement intérieur, elle pu lire directement dans son coeur, plongeant durant ce même instant éternel en Moon, elle vit sa solitude, elle vit son désespoir, elle vécut elle-même toutes les nuits où Moon se réveilla en sursaut, couverte de sueur froide, sous la torture de sa propre solitude.

Tout le déchaînement émotionnel de Moon lui succéda, tout l'espoir, toute la passion qui vrombissait en elle rugit, plongeant en Morganna comme tant d'appels désespérés à ce que ce moment ne s'arrête pas.

Morganna sentit, vécut, tout.

Une unique larme roula le long de la joue gauche de Moon, sans même qu'elle en ait conscience, unique hommage à tout ce qu'elle sentait à l'intérieur. Comme en réponse à tout ce chaos, la porte-fenêtre séparant le balcon de l'appartement s'ouvrit dans un grand claquement, une bourrasque balayant la salle, envoyant voleter les cheveux de Moon s'entortillant avec ceux de son amante. Le baiser s'arrêta durant un instant, le souffle haletant de Moon balayant les lèvres de Morganna.

Elle entrouvrit les yeux, remontant ses iris pour venir dévisager celle qui lui avait volé son premier baiser, une émotion poignante pouvant s'y lire, légèrement embués, la larme continuant à poursuivre sa course le long de sa joue. Elle bâtit des paupières, son coeur battant contre ses oreilles. Ses lèvres humides continuaient à exhaler son souffle rapide trahissant son émotion. Collées l'une à l'autre, Moon se jeta dans le précipice de sa retenue, s'abandonnant sans aucune hésitation à son instinct, le vent continuant à faire voleter leurs cheveux entremêlés autour de leurs têtes, la passion à un doigt de se déchaîner sans plus aucun retour arrière possible.

Morganna avait senti les longs cils de Moon frôler sa peau, l'avertissant que leur détentrice avait fermé les yeux, s'abandonnant au flot des événements comme elle le faisait lors de ses combats dans l'arène, il y avait si longtemps. Elle sentit également les frissons qui parcouraient la peau caressée par la pulpe de ses doigts fins, frissons délicieux qui semblaient assurer les sentiments chaotique qui l'étreignaient. La vouivre sentit son corps se réchauffer à cette simple idée, celle qui lui soufflait qu'elle n'était pas indifférente à la dame de la lune.

Le temps autour d'elles n'existait plus, s'était volatilisé afin sans doute de mieux les laisser profiter de la découverte qui transperçait leurs membres, les rapprochant dans un souffle de fièvre hésitante.

La langue de la garde aux yeux rouges se laissa emprisonner par les timides lèvres de la général lunaire. Une telle candeur fit doucement sourire la jeune femme qui alla frôler la langue de celle que réclamait son instinct vorace. Elle n'avait que faire de la probable inexpérience de la jeune femme qu'elle embrassait, tout ce qu'elle voulait, c'était sentir sa peau dénudée contre la sienne et pouvoir parcourir de ses doigts son corps pur et parfait.

Elle sentit le bras de Moon enserrer sa taille fine et l'amener encore plus prêt, pressant doucement leurs silhouettes l'une contre l'autre, alors que le baiser s'éternisait, lèvres bleues contre lèvres rouges. Derrière elles, la porte-fenêtre du balcon s'ouvrit brutalement, claquant contre les murs alors qu'elle laissait une vive bourrasque s'élancer dans la pièce, faisant virevolter les cheveux de la femme-lune et de la vouivre, cheveux qui s'entremêlèrent avec une vivacité aussi forte que le désir qui brillait dans leurs yeux cachés par leurs paupières closes.

Et puis... Morganna se laissa envahir par les sentiments de son amante, s'y noyant sans opposer de résistance, ressentant toute la peine qui la traversait, toute la solitude qui l'écrasait au jour le jour, cruelle au point de la réveiller, tremblante, au creux de draps aussi vides que froids. Tout cela, la jeune femme le ressentit, faisant rugir une part d'elle qui voulait englober la général dans une étreinte possessive et protectrice afin d'empêcher sa solitude de lui faire d'autres blessures.

Ses sentiments résonnèrent alors au fond d'elle, se tendant vers cette femme douce dont la passion dévorante avait prit le pas sur ses meurtrissures invisibles. Elle ressentait sa détresse et ses appels poignants, oui, elle les ressentait par toutes les pores de son être qui jusqu'ici n'avait connu que batailles enflammées, combats de survie et ennui désespérant et glacé.

Il fallut rompre le baiser, le suspendre afin de reprendre de l'air et ne pas s'asphyxier, coupant ainsi le lien troublant et profond liant leurs lèvres. La jeune femme rouvrit doucement ses yeux couleur de sang, son souffle se mêlant à celui de la général avant de s'échouer sur sa peau.

Elle vit l'émotion qui étreignait le visage si pur face à elle, elle vit ses iris de glace briller d'un éclat aussi sublime que fou derrière l'eau de ses yeux qui menaçait de couler en de longs sillons clairs sur ses traits d'une pureté remarquable. L'une d'elle s'était déjà enfuie, courant sur la peau pâle, soulignant l'ovale parfait du visage de la guerrière.

Doucement, Morganna vint happer de sa langue l'unique goutte salée, effleurant de sa bouche l'épiderme humide de la jeune femme avant de planter de nouveau ses orbes sanglantes dans les lacs gelés de son amante. Un sourire doux illumina légèrement son visage, amenuisant la dureté habituelle de ses traits, lui donnant un charme plus féminin, moins martial. Ses iris de rubis brûlaient d'un feu avide, son sang pulsait d'une chaleur presque insoutenable qui réclamait une nouvelle embrassade.

La main sur la joue de la général glissa le long de sa peau, venant caresser son cou de cygne avant que ses bras ne l'entourent, se glissant sous la longue chevelure de neige de la jeune femme. Une nouvelle fois, elle joignit leurs lèvres, mélangeant leurs souffles ténus et erratiques.

L'étreinte était cependant plus vive, plus quémandeuse, plus brûlante. La fièvre se répandait à toute vitesse dans le corps de la garde qui perdait petit à petit toute forme de contrôle sur ses désirs. Son corps pressé contre celui de Moon était parcouru de frissons l'électrisant jusqu'au plus profond d'elle-même, incendiant ses sens d'une volupté débridée.

Son instinct en demandait plus, beaucoup plus, faisant glisser ses doigts sur cette nuque vierge offerte à ses appétits démesurés, rageant contre cette armure qui l'empêchait de poursuivre son exploration avide. Son cœur battit plus fort alors qu'elle serait son amante contre elle, enivrée jusqu'au plus profond de son être, refusant de la voir partir...

La douceur que Moon sentit chez son amante la rassura, l'aidant à se laisser aller sans crainte de ce qui pourrait arriver. Tout cela était très nouveau pour elle, mais si tant est qu'elle doive se jeter au devant de cet inconnu, elle fut heureuse que ce soit avec Morganna.

Elle sentait son désir, et, bien qu'avec quelque appréhension, se sentait prête à s'y livrer. Ainsi offerte, elle s'ouvra aux caresses contre son cou, frissonnant de tout son long, menaçant de s'effondrer sur elle-même, ses jambes se faisant de coton, défaillant de plaisir. Elle était très sensible, son corps adulte n'étant pas fait pour rester dans l'ignorance du plaisir, ainsi en manque de ce genre de sensations il était extrêmement sensible.

S'ouvrant derechef, elle entrouvrit la bouche, libérant sa propre langue pour qu'elle rejoigne celle de son amante, timidement d'abord, puis avec ferveur. Se libérant progressivement de ses carcans, elle tentait de répondre fébrilement et maladroitement au désir de sa compagne, pour ne pas être en restes.

Sa langue était chaude, intrépide, surprenante. Ce contact plongea de nouveau Morganna en elle, la connexion reprenant de plus belle. Le plaisir et le désir de Moon plongea dans Morganna, qui put le ressentir comme s'il était sien, se cumulant à ses propres sensations. Chaque caresse, chaque pulsation de plaisir en elle, chaque désir se communiquait à sa belle.

Engourdie dans son armure, ses mains tentaient d'atteindre Morganna, maladroite, ainsi enlacée elle allait avoir du mal à se dévêtir, chose que sa compagne pouvait sans mal ressentir.

Son propre désir se faisait puissant, bien qu'elle ne le comprenne pas tout à fait, et une nouvelle fois ses jambes menacèrent de céder sous elle. A bout de souffles, ses jambes flageolaient alors qu'une chaleur sans pareille émanait de tout son corps, son souffle se faisant réellement erratique. Décalant sa bouche, elle la plongea dans le creux du cou de son amante, le parsemant de baisers embrasés, se tenant à moitié sur elle à son grand damn.

La passion en elle rugissait, rugissant derechef en Morganna, décuplant son audace et ses désirs sans que la volonté de Moon y puisse quoi que ce soit. Ainsi, à la mercie de tout ce qu'elle pourrait lui faire, Moon s'abandonna à ses caresses, éperdue d'un désir jusqu'alors méconnu.

Les doigts de la vouivre, vifs et tendres, s'amusaient des frissons parcourant le corps tant désiré qui répondait à leurs avances, les faisant s'attarder sur des points sensibles dans le but avoué de faire durer le plaisir. Seule l'armure les gênait, obstacle de taille dont ils allaient devoir s'occuper afin d'aller au-delà, et de planter les étapes pour emmener Moon sur des chemins sulfureux de plaisirs qu'elle ne connaissait pas encore.

La passion de la femme-lune fit frémir la garde qui se cambra légèrement, sa langue se liant avec sa jumelle. Leur danse l'électrisa alors que l'explosion de sensations au sein de ses entrailles lui faisait tourner la tête, la perdant dans les méandres d'un chaos extatique et exaltant. À force, elle ne savait même plus qui de elle ou de la général transmettait ses émotions au corps collé contre le sien, tellement ces dernières les brûlaient toute deux d'un feu indécent.

Un gémissement vibrant franchit ses lèvres lorsque son amante descendit dans son cou, la mettant au supplice de l'attente, la faisant frémir de plaisir alors qu'elle la portait à moitié, sentant ses jambes menacer de flancher. Leur passion se déchaînait entre elles, véritable tornade invisible dont la violence implacable détruisait la moindre parcelle de raison, comme si ce n'était que de vulgaires grains de sable gênants qu'il fallait chasser au plus vite.

La vouivre sentit son instinct assoiffé décupler et prendre possession de ses membres. Avec fébrilité, ses mains cherchèrent les attaches de l'armure sombre et encombrante, les défaisait dans une fièvre empressée qui la rendait parfois malhabile, alors que la jeune femme, habituée à ce genre d'activité somme toute martial, connaissait par cœur ou presque les gestes à faire pour enlever la pesante protection. Son souffle se fit rauque, presque bestial, alors qu'elle continuait sa tâche, mordillant légèrement le cou de son amante, n'osant pas y laisser de marques pour le moment, bien que l'idée lui paraissait séduisante.

Morganna ne sut pas réellement comment elle réussit à défaire l'armure, trop envahie par la luxure pour se rendre réellement compte de ses gestes. Toujours est-il que le résultat était là et que son instinct avide en était plus que ravi.

Saisissant délicatement le visage de Moon entre ses mains, la jeune femme aux yeux rouges relia une nouvelle leurs lèvres, paupières closes, ses cheveux courts voltigeant dans le souffle d'air provenant de l'extérieur et faisant battre légèrement la porte-fenêtre restée ouverte. Sa peau vibrait, laissant voir par de courtes intermittences quelques écailles qui ressortaient sous le coup des sentiments qui la perdait. Ses membres tremblaient d'excitation, ses jambes s'affaiblissaient, menaçant de la lâcher dès la première occasion, mais elle n'en avait que faire, les yeux voilés par une fièvre immense qui dévorait du regard la général dont le corps n'était désormais plus protégé par l'armure dont les différentes pièces jonchait le sol de ses appartements.

Lentement, Morganna glissa ses lèvres le long de la mâchoire de son amante, y déposant de légers baisers, se déplaçant sournoisement vers la jonction entre le cou et l'oreille droite, attrapant le lobe entre ses dents, le mordillant légèrement avant de l'effleurer de sa langue, ses mains descendant vers le premier bouton de la chemise de sa belle, prenant un malin plaisir à le défaire dans une lenteur infernale, allant frôler du bout des doigts la peau ainsi mise à nue. Son empressement premier avait laissé place à l'envie de faire durer les choses, de les faire patienter afin de n'en rendre le plaisir que meilleur.

Ses doigts passèrent doucement sur les épaules de la jeune femme, frôlant sa clavicule avant de remonter, traçant du bout des ongles autant de chemins brûlants de luxure contenue, dansant sur la gorge puis la nuque de Moon, ouvrant la voie à sa bouche assoiffée venant s'abreuver au parfum de cette tentatrice peau d'albâtre.

Délicatement, sa paume vint descendre dans le dos de la guerrière, suivant la courbe de sa colonne vertébrale, s'arrêtant au niveau de la chute de reins de la jeune femme aux yeux de lune alors qu'elle souffla dans son cou avec malice, avant de replonger ses iris dans les siens, l'autre main venant caresser sa joue et replacer plus ou moins adroitement quelques mèches blanches derrière son oreille.

Ses lèvres bougèrent, comme si la garde voulait parler, essayer de mettre des mots sur leurs désirs hallucinés. Elle ne put le faire, sa voix refusant de formuler des phrases qui pouvaient briser en un rien de temps cet instant fragile et étrange. Un seul mot parvint toutefois à s'enfuir, rauque de désir, brûlant de luxure, chauffé par un appel, une prière inconsciente et pourtant si vitale en cet instant.

- Moon...

Moon sentit plus qu'elle ne vit chaque part de son armure tomber au sol, le fracas ainsi entrainé ne lui apparaissant que comme un vague tintement en comparaison du battement de son sang à ses oreilles. Tout son corps était comme éveillé pour la première fois. Elle sentait qu'elle passait le pas d'une porte qu'elle avait désiré franchir pendant très longtemps sans le savoir.

Ainsi vêtue uniquement d'une chemise blanche, transparente, sans autre vêtement sur le corps, elle se sentait tant vulnérable qu'incroyablement libre et vivante sous les caresses de son amante. Ses frissons étaient autant de décharges électriques parcourant ses veines, accélérant son pouls, faisant monter une passion inimaginable dans les entrailles de la générale. Sa peau s'ouvrait à chaque sensation, les lèvres tant désirées la parcourant avec avidité.

Les premiers gémissements résonnèrent lorsque son oreille fut ainsi saisie avec passion. Ils étaient... purs, immaculés, comme sa peau. Presque trop forts ils trahissaient un plaisir bien trop contenu, puissants et bruts, échappant à tout contrôle. Les soupirs se faisaient plus présents à mesure que Moon lâchait la bride à sa passion, ne tentant même plus de retenir ce qu'elle n'était déjà pas en mesure de comprendre.

Elle sentit la joueuse main descendre le long de sa brûlante peau, inexorable avancée de l'envie de son amante. Loin de se défendre d'un tel geste, son dos se cambra avec la même envie, appréciant et désirant cette caresse qu'elle voulait voir poursuivre.

Elle écarquilla les yeux en entendant son nom, qui résonna en elle, jusqu'au fond de son coeur et de son âme. Ce seul mot suffit à la toucher à un point qu'elle ne comprit alors pas totalement. C'était un message chargé de tant d'émotions, chassant complètement l'impression de solitude qui restait résiduellement dans ses entrailles. Son index se posa sur la lèvre de celle qui avait su dompter son coeur, Moon murmurant :

Moi aussi...

Battant des cils, sont regard sembla soudain s'éclairer. Elle saisit avec assurance Morganna à la taille, l'arrachant du sol pour la porter, plaçant ses jambes de part et d'autre de son buste, la passion lui redonnant l'assurance lui permettant de ne plus faiblir. La portant ainsi jusqu'au lit elle l'y allongea, se plaçant au dessus d'elle, sans rien d'autre que sa chemise.

Celle-ci, transparente, ne cachait que peu son corps. Ses deux tétons la déformaient, deux pointes surplombant ses seins bien plus imposants que son armure ne laissait le supposer. Ainsi, surplombés de ces deux pointes roses, fières et dressées, ses seins sont secoués par son souffle haletant, se soulevant et se rabaissant en rythme, comme tant de défis lancés à Morganna, cible tentante de ses attentions.

Moon plongea son regard dans celui de Morganna, réalisant à quel point elle était vulnérable, ainsi sans protection de ses avances, la laissant totalement maitresse de son désir, la laissant l'assouvir comme bon lui semble, l'extrême douceur et fragilité de sa peau ainsi exposée sans retenue, semblant prête à se rompre sous son simple regard.

Les gémissements de Moon emplirent les oreilles de Morganna comme une mélodie aussi sensuelle qu'érotique, faisant frissonner la garde d'un désir qu'elle sentait lui échapper, désir de faire sienne cette voix et ce corps magnifique qui attirait chaque parcelle de ses sens affûtes par la passion et hallucinés par l'envie.

Sa main s'était arrêtée sur la chute de rein de la générale, y traçant du bout des doigts de légers cercles taquins alors qu'elle se perdait dans les iris si clairs de son amante. Tout le trouble qu'elle pouvait y lire la conforta dans ses actions alors qu'elle replaça quelques mèches de ses cheveux derrière l'oreille, tentative bien vaine face au vent qui faisait voltiger leurs cheveux immaculés dans la pièce, caressant leur peau dans une étreinte froide qui rendait leurs caresses plus brûlantes encore.

Sa propre voix lui paraissait lointaine, presque irréelle. Enlacée dans ses désirs, elle en oubliait son timbre alors qu'il résonnait, rauque, profond, dans le silence de l'appartenant, appelant une réponse, un geste qui continuerait de la conforter dans ses choix.

Le doigt de Moon sur sa bouche la fit frémir, laissant un long frisson traverser son épine dorsale, avant que la réponse de la générale ne libère en ses entrailles une chaleur étrange et des palpitations violentes. Un sourire étira les lèvres de la jeune femme, éclairant ses traits rendus rugueux par sa vie de combat, soulignant le côté serpentaire de son corps arraché au sol par son amante et amené jusqu'au lit où elle fut étendue.

La vision de la femme-lune la surplombant dans l'air moite et sombre de cette soirée ne fit qu'attiser sa passion déjà dévorante. Les courbes de la jeune femme était un véritable appel à la luxure, appel d'autant plus fort que les longs cheveux blancs qui caressaient ses joues semblaient la narguer de leur pureté, écrin blanc qui ne demandait qu'à être souillé.

Avec douceur, Morganna leva ses mains, venant caresser ce visage adulé, le rejoignant dans un nouveau baiser plus bestial où transparaissait la vouivre assoiffée de possession. De nouveau, ses doigtss explorèrent ce corps offert, glissant  sur la nuque puis dans le cou, descendant lentement vers les boutons qu'elle fit sauter en un rien de temps, libérant l'opulente poitrine de son amante, oubliant la sienne, toujours prisonnière de ses vêtements et des bandes blanches qui l'enserrait.

Sa peau glissa sur ces courbes, ne leur offrant qu'une caresse légère et aérienne avant de revenir plus hardiment, s'accaparant la silhouette de son amante, frôlant les tétons dressés afin de les sensibiliser un peu plus encore.

Sa bouche quand à elle avait glissé dans le cou, y déposant ses lèvres gercées et avides, aspirant le parfum de la belle qui l'étourdissait à chaque seconde qui passait, attrapant la peau pâle afin d'y laisser une marque possessive et fiévreuse alors que ses doigts traçaient des arabesques invisibles et brûlante sur ce buste lunaire, appréciant la douceur qui émanait de son derme jusqu'ici inviolé.

Leurs souffles erratiques résonnait dans le silence qui devenait invivable pour les oreilles de la garde qui ne désirait qu'une chose : l'assourdir de gémissements et de cris de plaisir, de vibrations ardentes et de tremblements de désirs. Ses lèvres descendirent sur la clavicule, y laissant quelques mordillements, avant de s'attarder sur les seins dressés et palpitants de Moon, laissant sa langue y tracer des chemins humides et tortueux. Ses doigts glissèrent dans le dos, remontant jusqu'au épaules avant de descendre la colonne vertébrale du bout des ongles, tombant lentement avant d'enserrer la taille de la général, l'attirant dans une étreinte empreinte de convoitises.

Délaissant le buste de la jeune femme, Morganna scella de nouveau leurs lèvres, haletante, mordillant la bouche ainsi embrassée, attrapant sa langue afin de l'entraîner dans un ballet torride et exaltant. Tout son être réclamait à grands cris la femme-lune, voulant la posséder avec une violence immense, mais la garde voulait y aller progressivement, voulant profiter de ces nouvelles sensations et de ce nouveau plaisir, et non le consumer dans une folie qui ne pouvait durer...

Elle rouvrit les yeux en séparant leurs lèvres, plongeant dans les orbes argentées alors que ses doigts glissèrent jusqu'au pubis de la belle, frôlement aérien et pourtant avide, observant les réaction de la jeune femme de ses rubis voilés de plaisir.

Moon restait ainsi, pendue aux actes de son amante, le coeur battant à ses oreilles une inexorable musique rythmant ses premiers ébats amoureux. Elle avait perdu le peu d'esprit qui lui restait, cherchant à reprendre son souffle tout en ne pouvant s'extraire de ce chaos intérieur qui résonnait au long de cette musique qui venait balayer toute pensée.

Elle rougit furieusement lorsque sa chemise tomba en arrière, la laissant désormais totalement nue devant les avances de plus en plus poussées de son amante, désireuse d'en découvrir plus sur son intimité. Percluse de frisson parcourant tout son corps elle sentit les mains de Morganna s'approchant de sa poitrine. Elle savait à quel point cette zone était sensible, même pour elle-même, raison unique de la présence de sa chemise qui pour autant la dérangeait lors de ses passes d'arme.

Le temps semblait se ralentir à mesure que la caresse se rapprochait, tout son corps résonnant de plaisir d'avance, une petite pointe d'appréhension venant sublimer le tout. Sur cette pensée le contact se fit.

Tout explosa en elle, elle s'arqua en arrière, un long gémissement qui pourrait passer pour feint s'il n'était pas criant d'authenticité s'échappant de ses lèvres entrouvertes, tout son corps se tendant sous ce simple contact qui la mit tant à la fois au supplice qu'à la félicité, laissant son corps pantelant de plaisir sous l'étreinte de Morganna, son esprit irrémédiablement perdu dans les ondes de sensualité parcourant ses hanches qui s'animaient toutes seules sous les soubresauts de sa passion.

Son cou se retrouva sous l'emprise de la bouche de Morganna, son baiser passionné laissant sous sa peau d'un blanc parfait la trace de ses dents sous une tâche rouge sang, imprégnée en profondeur sous son épiderme. Sa peau semblait marquer au delà de toute considération, toile blanche et immaculée ainsi exposée au pinceau de Morganna qui y disposait les marques de sa passion.

Ses propres mains saisirent la nuque de Morganna alors que sa bouche descendait, sa poitrine s'élevant et se rabaissant sous les coups de sa respiration qui n'en finissait pas de s'accélérée, laissant émaner un gémissement long et plaintif à chacune de ses expirations. Tout son corps jusqu'alors ignorant des choses de l'amour semblait ressentir au centuple chacune des sensations le parcourant, chacun des actes de Morganna déclenchant des ondes de plaisir n'en finissant plus de tourmenter son esprit ainsi malmené par son propre désir.

Chaque coup de dent plaçait son empreinte sur son corps, semblant reconnaître la possession de Morganna sur son chaque parcelle de son anatomie. Telle une carte durant une campagne, la voie empruntée par morganna était jalonnée de traces rouges marquant ses arrêts les plus ardents. Alors, sa bouche rejoignit sa poitrine et Moon fut mise au défi de ne pas perdre conscience.

Ses mains se crispèrent sur la nuque de Morganna, ses yeux se révulsant de plaisir au contact de sa langue, l'irréalité de ce qui parcourrait son corps ne lui permettant pas de reprendre conscience, son esprit s'imprégnant de chacune de ces ondes, tout son corps réagissant de manière outrancière à ses attentions.

La scène aurait pu paraître pittoresque à Morganna si le supplice que subissait moon n'était pas aussi apparent, son corps s'agitant sous chacune de ses caresses pour les suivre, les sublimer, se soumettant à tous ses désirs, perdue dans son propre plaisir. Lorsque Morganna retrouva ses lèvres, Moon se perdit entre ses lèvres, sa langue, malicieuse, s'enroulant et dansant contre celle de son aimée, venant l'étreindre avec une transcendante passion. Ses morsures lui tiraient des gémissements plaintifs, le désir faisant son chemin au travers de ses entrailles, chaque parcelle de la peau de celle-ci semblant ne pas cesser d'en réclamer toujours plus.

Lorsque le baiser se termina, la respiration mi-haletante mi-sifflante de la jeune femme s'interrompit brusquement, durant une seconde, lorsqu'elle sentit la main de la vouivre s'approcher. Rougissant et détournant la tête, elle ne réalisa qu'alors son état, sa lèvre inférieure soudainement prisonnière de ses dents alors que l'embarras emplissait son être devant cet état qu'elle jugeait honteux.

Tout son entrejambe était littéralement trempé, imprégnant l'intérieur de ses cuisses de la marque de sa passion, ce que Morganna pouvait désormais déceler sans mal. Le rouge imprégnant ses joues comme jamais, Moon ferma les yeux, ne sachant plus où ce mettre devant une réaction dont elle ignorait tout.

Faisant mine de se détourner, le coeur serré devant ce qu'elle ne comprenait pas des réactions de son corps, elle se releva légèrement, comme pour laisser Morganna s'en aller, ne comprenant pas qu'une humidité ainsi présente n'était que la marque de son excitation et non quelque malencontreux incident.

Le coeur brisé qu'elle ait ainsi rompue la magie de ce qui la faisait se sentir vivante, la mort dans l'âme, elle attendit que son amante la délaisse, dégoûtée devant le manque de contrôle dont elle faisait preuve.

L'honnêteté du corps de la général qui s'abandonnait entre ses mains rugueuses et percluses de cicatrices était un spectacle délicieux aux iris ensanglantés de la jeune femme qui appréciait chaque seconde de leurs étreintes passionnées. Morganna connaissait les points sensibles qui pouvaient exister, et ses longues années d'errances lui avaient appris au moins à faire naître les désirs et à les consumer dans des décharges infernales de plaisirs brûlants qui ne rendaient la délivrance finale que plus douce et plus magnifique encore.

Sa langue lécha les tétons dressés, la peau d'albâtre qui semblait la réclamer à grands cris, du moins si elle en jugeait par les doigts crispés de Moon sur sa nuque, la pressant un peu plus contre elle, pour le plus grand bonheur de la vouivre qui se délectait de ses gémissements rauques de plaisirs. Ils étaient une si douce musique à ces oreilles, elle qui avait l'habitude des pleurs, des rires méprisants et des hurlements de douleurs, savoir qu'elle pouvait faire plaisir à quelqu'un qu'elle faisait plus qu'apprécier était une sensation délicieuse qu'elle n'échangerait pour rien au monde, pas même les trésors qu'elle gardait cachés chez elle.

Ses doigts frôlaient la moindre parcelle de ce corps chéri, de cet épiderme ensorcelant, se nourrissant des frissons qu'elle sentait sous sa peau tendue vers cette femme tombée de la lune, vers ce fragment de lumière éclairant en cette soirée son morne ennui, le dissipant de sa lueur céleste. Oh oui, elle voulait la faire gémir, crier, hurler de plaisir, la perdre dans ses sens, dans son monde, dans son univers, l'arracher à cette terre folle et l'emmener au septième ciel afin de marquer son empreinte sur elle, afin de ne pas être rien à ses yeux, afin de rester à jamais dans sa mémoire, voire plus, désir fou, rester à jamais dans son cœur, en un endroit qu'elle n'osait espérer, de peur de sentir la douleur d'un possible rejet. Elle était allée trop loin, s'était trop enivrée pour se contenter du statut d'amante d'un soir. La vouivre voulait s'enchaîner à la général, mais sans forcer la principale intéressée, quand bien même ça pouvait faire mal. Après tout, la douleur, ça se soignait non ?

Elle reprit ses attention, se consumant de ses gémissements, de ses soubresauts, de ses battements de cœur affolés et de ses tremblements incontrôlés. Elle aimait la sentir céder sous ses doigts et sa langue, la poussant à se surpasser à chaque toucher, à devenir un chef d'orchestre du plaisir qui maniait le monde de son amante selon ses envies. L'idée en soi n'était pas désagréable et lorsqu'elle relia une nouvelle fois ses lèvres à celle de Moon, Morganna se surprit à espérer que cette maîtrise lui resterait, après cette nuit torride, afin de la combler encore et encore.

Elle sentit pourtant son aimée se figer au-dessus d'elle, semblant rougir de gêne alors qu'elle détournait la tête. La garde sentit l'humidité de son entrejambe avant même de la toucher, et resta interdite quelques secondes en voyant la jeune femme se redresser, une expression de honte sur le visage.
Toutes les questions possibles et imaginables tournaient dans sa tête avant qu'elle ne percute enfin le problème. Se redressant sur son coude, elle tendit la main vers le visage de lune de la jeune femme honteuse, lui caressant tendrement la joue, un doux sourire aux lèvres, venant l'embrasser ardemment avant de fixer ses iris sanglants dans les siens, laissant voir l'adoration qui parcourait ses veines.

-Moon... Ce n'est rien, cela prouve juste que... Je ne te suis pas indifférentes...

Sa voix était rauque, bestiale, chargée de désirs menaçant de la faire imploser. D'un mouvement rapide, elle inversa leurs positions, se retrouvant au-dessus de la général, la surplombant de son corps tendu de désir, arrachant sa cape d'un geste empressé, se dévêtissant rapidement sans cesser d'embrasser cette peau qui la mettait dans tous ses états, revenant mordiller ces lèvres tentatrices avant de sourire à son amante, les yeux brillant de luxure, ses doigts reprenant leur descente vers l'intimité inviolée de Moon. Sa bouche se glissa jusqu'à son oreille, son souffle, venant taquiner gentiment la peau sensible du cou avant que ses lèvres ne bougent encore, plus timidement

- Et tu ne me laisse pas indifférente non plus...

Elle voulait dire plus, tellement plus... Mais ses mots se bloquaient dans sa gorge, refusaient de sortir, alors elle l'embrassa, passionnément, désespérément, comme si elle craignait de la voir partir, de la voir disparaître, la faisant frissonner contre elle tandis ce qu'elle la serrait contre elle. Elle était pathétique, elle le savait, mais elle se foutait bien en cet instant des apparences. Tout ce qu'elle voulait c'était cette femme trop pure pour elle, trop belle pour la garde qu'elle était. Alors oui, elle était ridicule, mais elle préférait être ridicule plutôt que de succomber à l'angoisse qui attendait, tapie dans un coin de ses entrailles, un moment d'inattention afin de lui sauter à la gorge et de l'étrangler de terreur. Tout mais pas cela, pas ce soir, pas maintenant...

Moon était interdite. Elle ne comprenait tout simplement pas ce que Morganna lui expliquait. Quel rapport entre cette humidité et le fait que la vouivre lui plaisait? Toute sa tête était en ébullition, le soulagement de la compréhension de la jeune femme se teintant d'une perdition totale devant l'incompréhension de la femme lunaire. Le coeur battant, ses yeux semblaient perdus derrière un brouillard de confusion.

C'est en quelque sorte avec soulagement qu'elle se retrouva sur le dos, bien que ses jambes encore écartées laissent entrevoir l'honteuse souillure venant accroitre progressivement la gêne de Moon.

La vue de Morganna retirant elle-même ses couches de vêtement suffit à écarter momentanément les pensées parasites de la jeune femme, ses yeux s'écarquillant alors que sa bouche s'entrouvrait. Enlaçant la vouivre, ses mains venant doucement caresser son dos, son souffle ardent venait caresser la peau désormais nue de son amante. Son regard était émerveillée, comme une petite fille devant le plus beau des miracles. Ses entrailles se nouèrent de désir à la vue de cette peau l'attirant comme un aimant. Tout son être vibra, la lueur recommençant à émaner de sa peau, une brillance qui engloba le corps de Morganna, l'illuminant avec ardeur et passion.

Lorsque Morganna se pencha, leurs peaux se mêlèrent l'une à l'une, Moon se tordant de plaisir, les yeux révulsés à ce contact divin et entêtant. Elle sentait chaque parcelle de la peau de Morganna au contact de la sienne, irréelle douceur qui venait doucement étendre son linceul sur l'esprit embrumé de la lune.

Son coeur battait la chamade, alors que Morganna déclara son attachement. Elle aura aimé entendre bien davantage, espérant qu'elle ne faisait pas que de créer une absence d'indifférence chez la vouivre. Tout son être était désormais empli de cette drogue qu'était la jeune femme pour elle. Elle ne pouvait tout simplement plus envisager un instant de se passer d'elle.

Se mordillant la lèvre inférieur, elle serra fort Morganna contre elle, une seconde, juste une seconde, puisse-t-elle rester avec toi. Le désespoir de cette étreinte traça l'évidence de la détresse de Moon à l'idée de la voir la quitter. Tout son esprit resta focalisé cette pensée alors que tout résonnait en elle, toutes ces pensées se bousculant dans sa tête. Alors qu'elle serrait avec encore plus d'ardeur Morganna contre elle et que son esprit résonnait de ces paroles qu'elle n'osait prononcer, ses lèvres agirent de leur propre chef, laissant échapper ce qui devenait intenable de retenir en elle.

Je t'aime...

C'était un souffle, juste un souffle, une seconde de sa vie qui avait échappé de son contrôle. Tout son corps se tendit soudain en revenant à la réalité, réalisant soudain ce qui venait de lui échapper. La panique fusa dans ses entrailles avec la violence d'un coup de point, elle réalisa qu'elle était allée trop vite, tenta en vain de se rattraper bégayant.

Je... Je veux dire... Je...

Son esprit lui échappait, la panique lui volant chaque pensée destinée à la secourir dans sa détresse. Ses ongles se plantèrent dans le dos de Morganna, la passion continuant à étreindre de ses muscles alors qu'elle hoquetait, oscillant entre désir et détresse, paniquant à l'idée d'avoir fait fuir la vouivre. Tout son corps frissonnait, elle ne pouvait l'empêcher de désirer plus de caresses malgré son état d'esprit. S'accrochant désespérément à Morganna elle plongea sa tête dans son cou, y plongeant ses lèvres avec ardeur, tentant avec un ultime geste de la garder auprès d'elle, communiant avec sa peau en un ultime baiser.

Morganna sentit le regard de la général sur sa peau alors qu'elle se déshabillait à la va-vite, envoyant valser ses vêtements au quatre coins de l'appartement, la faisant frissonner alors que la fraîcheur du soir déposa son baiser glacé sur son épiderme, ne rendant l'étreinte qui suivit peu après plus brûlante encore. L'adoration de la femme lunaire lui refilait des frissons et des palpitations aussi violents que délicieux, la faisant se pencher sur son corps afin de l'honorer, encore et encore, scellant leurs lèvres alors que leur peau entrait en contact, les faisant frémir d'un désir assoiffé.

La garde en oublia ses cicatrices, marques ancrées dans sa chair qu'elle ne reniait pas mais qu'elle n'aimait guère non plus. La lueur de son amante caressait son corps d'une chaleur exotique, semblant effacer sa peau sous ses doigts de lumière venant la caresser. Elle se perdait dans leur étreinte, dans leur souffle brûlant se mêlant avec une passion aussi folle que désespérée. La jeune femme aux cheveux courts redoutait tant une séparation qu'elle sentit son cœur manquer un battement à cette simple idée, ses doigts se resserrant instinctivement sur ce corps tant aimé qui attisait son avidité.

L'étreinte de la général la coupa dans ses réflexions, la faisant rompre leur baiser, que ses sentiments avaient rendu violent et désespéré. Elle ne savait pas ce qui se passait, pour la première fois depuis longtemps elle se sentait fragile, perdu et angoissée, attendant la voix de Moon pour lui dicter son sort.

La déclaration de la jeune femme n'en fut que plus belle, plus frappante pour la serpentaire qui écarquilla les yeux de surprise, rompant le lien qui scellait leurs lèvres. Elle sentit les ongles de la jeune femme se planter dans son dos, mais peu lui importait cette légère douleur en cet instant. Tout ce qu'elle sentait, c'était son cœur qui s'était arrêté afin de mieux repartir, provoquant un violent sursaut dans sa poitrine, l'organe semblant vouloir s'échapper de ses côtes afin de s'envoler. L'excitation dévora le feu de ses veines, faisant naître deux gouttes de joies au coin de ses yeux alors qu'un sourire rayonnant se découvrit sous les lèvres de la vouivre qui s'étiraient dans une expression de pur bonheur. Fondant sur ses lèvres, elle l'embrassa avec une fougue qu'elle avait délaissée dans un coin de son être, entraînant la langue de la jeune femme dans une danse aussi erratique que folle de joie. Elle ne le rompit que lorsque le souffle lui manqua, laissant ses joues rouges, ses yeux vibrants, et sa chevelure légèrement emmêlée, alors que sa voix, où déferlait une émotion sans pareille, s'échappa de sa bouche rougie par leurs embrassades.

- Moi aussi Moon... Je t'aime...

Ces simples mots lancèrent dans tout son corps tant de plaisir qu'elle cru défaillir, ses lèvres allant rejoindre une nouvelle fois leurs amantes, ses mains caressant avec une adoration sans borne les courbes de son aimée, effleurant ses points sensibles afin de la faire perdre pied, de l'amener à se consumer dans ses bras. Sa propre poitrine s'était dressée, sensible au moindre toucher.

Lentement, Morganna descendit sa bouche, repartant à l'assaut de cette peau qui la faisait vibrer jusqu'au plus profond de son être, s'arrêtant dans le creux du cou pour y laisser une nouvelle marque, s'attardant sur les tétons qu'elle emprisonna entre ses dents, sa langue venant les titiller un par un. Puis sa descente repris en autant de baisers fiévreux, de mordillements légers et de caresses sulfureuses, arrivant au niveau de l'entrejambe de son amante, ses doigts venant effleurer sa perle de plaisir.

Le soulagement se répandit, encore une fois, dans les veines mises à rude épreuve de Moon. Tous ces va-et-vient émotionnels épuisaient son esprit qui se complaisait dans cette béatitude. L'ascenseur émotionnel que les deux femmes éprouvaient depuis leur rencontre avait fait changer Moon au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer possible.

Elle ne put empêcher de revoir tout ce qui s'était passé en si peu de temps, malgré l'étreinte passionnée monopolisant tous ses sens. Comblée en tous points elle revint au présent, ne comprenant pas ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter une telle félicité.

La déclaration de Morganna l'avait touchée directement au coeur, comme elle seule savait le faire. Moon savait désormais que sa vie avait irrémédiablement changé, qu'elle n'était plus seule, et que l'étreinte en cours ne risquait pas de s'interrompre, quelque soit ses réactions. S'abandonnant désormais pleinement aux attentions de son amante, elle poussa un long soupir de contentement avant que les gémissements lui succèdent alors que les lèvres de son aimée prirent le relai.

Elle adorait cette sensation du feu qui inondait sa peau au contact de Morganna, c'était un délice indécent auquel il était divinement bon de s'abandonner sans retenue. Morganna descendait, encore et encore, au point que Moon écarquilla les yeux, sentant le mouvement continuer, arrivant aux abords de son entrejambe.

Sa respiration s'accélérant subitement, l'humidité de son entrejambe se rappela à son bon souvenir. Totalement imberbe, y compris au niveau de son intimité, chaque centimètre de peau luisait, trempée de cyprine, une très légère odeur loin d'être désagréable, bien au contraire, en émanant, fraicheur de l'innocence encore immaculée.

Ses jambes tremblèrent un court instant avant qu'elle se contrôle, ses mains glissant contre les épaules de Morganna avant de descendre doucement vers sa poitrine. Si la vouivre voulait jouer, elle entendait bien ne pas rester en retrait. Elle en arriva alors à caresser ses tétons au moment où l'épiderme de son aimée rentrait au contact avec sa perle de plaisir, arrachant un couinement strident à Moon qui s'arqua contre le lit, le couinement se prolongeant pendant quelques instants avant qu'elle ne retombe, le regard légèrement hagard et empli de désir dévisageant Morganna.

Comment se pouvait-il que jusqu'alors elles n'aient fait qu'effleurer le plaisir qui pouvait être ressenti. Les yeux écarquillés, Moon haletait férocement, encore légèrement tremblante de l'éclair qui l'avait parcouru. Le lit était légèrement trempé sous son entrejambe, imprégné de son liquide qui abondait.

Elle se redressa, attrapant morganna par les épaules pour la relever légèrement, ses lèvres rejoignant les siennes en un baiser empli d'une passion désormais féroce. ses mains revinrent à la charge, s'emparant de ses seins, saisissant d'abord avec douceur ses tétons, qu'elle effleurait, taquine.

La soulevant légèrement, elle la fit s'asseoir contre elle, ses jambes sous elle, les jambes de Morganna passant de part et d'autre de son buste. L'oeil désormais embrumé de désir, Moon était décidé à rattraper le retard pris lors des explorations de la Vouivre. Sa bouche s'empara de son cou, avec ardeur, le saisissant entre ses lèvres avec force, sa langue s'affairant dans l'interstice laissé entre ses lèvres. Descendant sans cesser sa succion, elle aborda sa poitrine, poussant son exploration jusqu'au téton qu'elle saisit entre ses lèvres.

Ses yeux se fermèrent sous le bonheur qu'elle ressentit à effectuer elle-même de tels actes. Aspirant le téton, sa langue s'enroula autour, le suçotant avec une ardeur sans cesse renouvelée, avant que ses dents s'en emparent aussi avec douceur.

Répétant le procédé avec le sein gauche, ses dents s'en emparèrent désormais avec moins d'hésitations, le mordillant légèrement, alors que ses mains saisirent les fesses de Morganna, la pressant contre elle, sa férocité guidant désormais l'ardeur de son désir.

Le soupir et les gémissements de Moon résonnaient au creux de ses oreilles comme autant de preuves de plaisir et d'abandon qui tintaient en une mélodie qui, en cet instant, semblait transcender le monde et leur réalité étriquée, les plongeant dans un monde où rien d'autre ne comptait qu'elles, leurs désirs et leurs plaisirs, et leur amour brûlant.

Les caresses de la général la firent frémir, son corps appréciant le contact si doux des doigts de son aimée contre sa peau, la faisant légèrement soupirer lorsqu'elle arriva à son buste, ses propres mains se faisant plus lascive et lente, descendant doucement, prenant un temps infini avant d'arriver à son intimité.

L'odeur délicieuse de la femme lune ne tarda pas à arriver à ses narines de vouivre, manquant de la faire siffler d'avidité et d'impatience. Mais elle continua d'y aller en douceur, venant enflammer chaque parcelle de ce corps qu'elle voulait honorer, y laissant couler un feu qu'elle espérait intarissable. Toute sa sensualité, tout son expérience passait dans ses gestes, dans ces frôlements experts s'attardant sur des points sensibles, érogènes, voulant faire encore et encore gémir cette voix dans un concerto privé qui s'envolait par la porte fenêtre qui claquait contre les murs au moindre souffle de vent, laissant l'air transporter leurs ébats sous l’œil attentif de l'astre lunaire qui sublimait leur tableau, leur scène de théâtre.

Un léger tremblement saisit son corps lorsque les doigts de Moon caressèrent ses tétons dressés, faisant naître une décharge de plaisir dans ses membres transis, alors qu'elle voyait avec adoration le corps de la jeune femme réagir plus que vivement au frôlement de sa perle intime, lui donnant d'autant plus envie de continuer, de la combler jusqu'à l'arracher à ces terres qui lui paraissait trop souillée pour accueillir la présence de cette général si belle et si pure.

Docilement, elle se redressa sous les mains de la jeune femme, répondant à son baiser emplit de cette passion dévorante qui semblait vouloir aspirer la moindre goutte de leur sang afin de le remplacer par un liquide vital où seuls le désir et le plaisir avaient leur place, expulsant tout autre sensation qui pourrait gâcher cette expérience si affolante.

Les caresses de Moon firent frissonner et gémir faiblement la vouivre qui se sentait fondre sous tant de chaleur, rendant la température de ses membres presque insoutenable, son cœur battant en un rythme erratique au creux de sa poitrine, vibrant un peu plus à chaque fois que les doigts de la général venait effleurer les petites pointes rouges qui se tendaient au point de faire mal, ajoutant un peu de sel aux sensations dévorant chaque parcelle de raison de la garde aux cheveux courts dont les mains étaient remontées instinctivement.

Un râle de désir s'échappa de ses lèvres lorsque son amant la rapprocha d'elle, la soulevant afin de l'asseoir sur ses jambes. Instinctivement, la vouivre enroula ses jambes autour de la taille de son aimée, frissonnant contre elle alors que le courant d'air léchait leur peau, rendant quasi insoutenable la chaleur que dégageait la moindre de leur caresse. Les bras de la garde s'étaient refermés sur le dos de la général, ses doigts caressant sa colonne vertébrale alors que ses lèvres s'entrouvrirent, laissant échapper un nouveau gémissement en sentant les lèvres de Moon dans son cou.

Son corps se cambra légèrement lorsque cette bouche si taquine continua sa descente, se positionnant sur ses seins dressés, rendu si sensibles au moindre frôlement, venant jouer avec eux avec sa langue. La voix de Morganna laissa ses gémissements se répercuter contre les murs et s'enfuir dehors. Peu lui importait qu'on les entende, de toute manière, cela ne regardait personne qu'elle sache.

Ses membres tremblaient de plus en plus sous les assauts de son amante alors qu'elle se laissait envahir par la félicitait qui courait dans chaque parcelle de son être. Elle ne savait pas si les âmes laissées à l'Ombre pouvaient pulser en fonction des sentiments de leur propriétaire d'origine, mais si c'était le cas, nul doute que la sienne devait pulser plus que jamais tant elle se sentait heureuse sous le feu qui dévastait sa raison.

Effleurant la joue de Moon, Morganna l'incita à revenir, voulant resceller leurs lèvres. C'en était devenu un besoin vital que de sentir leur souffle brûlant se mêler l'un à l'autre alors que leurs corps se pressaient dans une étreinte qui avait un goût d'éternité.

Oui, elle voulait se perdre à jamais dans les bras de cette femme lunaire, ainsi que de la faire se consumer dans les siens. Et peu lui importait le reste. Elle sentit un lien enfermer son cœur dans son étreinte. Plus rien ne serait pareil maintenant...

Moon s'exécuta de bonne grâce, abandonnant les seins découverts de son amante pour reprendre leur baiser, éternel lien entre leurs esprits, étreignant leurs coeurs dans une danse éternelle, unissant leurs âmes en un unique être comblé d'avoir retrouvé son autre moitié.

Son baiser était tendre, doux, aimant, d'une lenteur en contrepoint total avec son ardeur précédente, savourant chaque seconde, chaque petite sensation venant poindre au fond d'elle au contact de Morganna. Sa main droite vint doucement caresser la cuisse de son aimée, longue caresse glissant doucement, tout doucement, vers son entrejambe, elle-même curieuse d'en découvrir plus.

Son autre main l'enlaçait en une prise rassurante pour la garder toute contre elle, leurs poitrines collées l'une à l'autre, leurs corps enlacés, peau contre peau, unis. Effleurant doucement son aine, ses doigts parcouraient sa peau avec dextérité, Moon gémissant doucement d'excitation, ses pérégrinations électrisant sa passion.

Alors que sa main gauche déposait de douces et longues caresses le long de son dos, l'apaisant, son autre main rencontra en un frôlement sa perle de plaisir, l'effleurant du bout de son épiderme, avec une douceur et une attention touchantes.

Plongeant son regard dans celui de Morganna, toute la force de ses sentiments perlant à travers ses yeux, elle répéta le mouvement, une seconde fois, déposant son doigt sur la perle, le regard éperdu d'un désir qu'elle peinait à contrôler, frissonnante de l'envie de s'emparer de son corps.

Son coeur battait la chamade, toutes ses émotions se bousculant dans sa poitrine, irréel ballet qui venait imposer son joug à sa conscience bouleversée de l'amour naissant qui transcendait toute logique.

Éperdue d'amour et de désir pour Morganna, elle abandonnait toute notion de logique pour simplement se consacrer à son bonheur.

Morganna soupira d'aise lorsque leurs lèvres se rejoignirent une nouvelle fois, électrisant son corps d'une sensation de béatitude qu'elle n'avait jamais connu, même dans ses premières étreintes, qui avaient été bestiales et promptes. Leurs langues dansèrent ensembles, sensuelles, érotiques alors que leurs mains venait esquisser les courbes de leurs corps.

La garde sentit l'exploration de la général continuer leur inexorable avancée sur son corps où luisaient dans la pénombre cicatrices et peau imberbe où l'on pouvait apercevoir le dessin de plusieurs écailles affleurant son enveloppe sous les passions qui la brûlaient de l'intérieur. Ses lèvres laissèrent échapper un gémissement rauque d'impatience et de désir brut, restant tout de même calme, laissant son amante aller à son rythme, s'enivrant des battements de cœur qu'elle sentait contre sa poitrine.

Ces caresses lentes la mettait au supplice de l'attente, ses membres tendu vers l’inéluctable caresse qui la ferait se renverser en arrière dans un premier cri de plaisir. Le parcours était lent, trop lent à son goût, mais elle ne faisait que récupérer les fruits qu'elle avait semé de ses lèvres sur le corps de son aimée dont les cheveux blancs venaient caresser son visage incrusté de rubis.

Rubis qui se perdirent dans les lacs d'argent qui lui faisaient face, se noyant dans les sentiments qu'elle pouvait lire dans les tourbillons glacés de ces iris lunaires alors que son corps s'arqua, sa respiration s'accélérant un peu plus, son cri rauque ricochant sur les murs avant de s'enfuir dehors. Ses membres commencèrent à trembler sous le deuxième frôlement qui fit apparaître des écailles au coin de ses yeux sanglants, une jouissance de plus en plus pure se déversant dans ses veines qui burent avec avidité ce breuvage sauvage et extatique.

Attrapant le visage de Moon entre ses mains, la jeune femme l'embrassa sauvagement, toutes ces sensations lui faisant perdre la tête, mordillant ses lèvres, le goût du sang venant l'exciter encore davantage, ses doigts reprenant une course folle, caressant cette peau tentatrice, s'arrêtant sur ses points sensibles, venant frôler cette perle de plaisir qui pouvait détruire leurs limites et leur raison. Son souffle s'échoua avec fracas sur les lèvres de son aimée alors que ses iris la dévoraient du regard, un tourbillon halluciné dansant dans ses yeux dont la pupille grandissant semblait vouloir engloutir chaque pigment de sang.

Le coeur de Moon tambourinait dans sa poitrine. Lorsqu'elle sentit cette extatique jouissance parcourir le corps de Morganna, celle-ci trouva son écho dans son âme pourtant bien loin de son corps. Tout son être vibra de concert, lâchant la bride à ce qu'elle retenait en elle, ce qui l'avait amenée ici.

Alors que les attentions de la vouivre la firent jouir de même, son propre corps s'emmêlant au sien la lune sur son front se mit à briller de mille feux, ses yeux se révulsant, soudain d'un blanc éclatant. Son âme s'ouvrit à ce dont elle se cachait jusqu'alors.

Dans son esprit, soudainement, tout fut d'un blanc parfaitement immaculé, alors que son corps restait tendu, collé à Morganna. Toute la scène qui allait se jouer ne durerait dans le monde réel que quelques secondes mais Moon sentit tout l'enjeu de ce qui se déroulait devant ses yeux.

Elle se rappela. Elle se rappela qu'on l'avait envoyée ici car là où elle se trouvait elle n'avait pas sa place. Elle se souvint qu'elle fut envoyée ici, car isolée du "tout" qui formait son origine, ne parvenant pas à entrer en écho avec les autres. Son voyage fut ainsi initié afin de l'aider à s'ouvrir à d'autres, à retrouver cette place qui était initialement la sienne.

Une chaleur et une bienveillance émanait de toute cette lumière qui berçait Moon de sa délicate étreinte. Elle sourit, paisible. Une main immatérielle se tendit depuis la lumière vers elle, prête à la ramener là où était sa place. Tout naturellement Moon tendit la main avant de s'arrêter.

Léger froncement de sourcil amenant un trouble dans ce lieu qui n'en avait jamais connu. Elle était ouverte désormais, mais plus, tellement plus, que ce qu'elle avait été. Elle se sentait vivante, et une personne l'attendait là où elle se trouvait. Une personne qui comptait aujourd'hui plus que toute "place" qui lui était due. Son coeur vibra, la lumière lui répondant, comprenant son choix, bien que teinté de tristesse.

Une multitude d'esprit se tendirent, touchant le sien une ultime fois, lui souhaitant un bon voyage, heureux pour elle qu'elle ait ainsi trouvé une place qui lui convenait si bien. Un soupir de soulagement ébranla le corps de Moon, alors qu'elle comprit qu'aujourd'hui sa mission était tant à la fois identique et très différente de celle qui l'avait initialement amenée en ces lieux. Elle devait aujourd'hui amener le même épanouissement qu'elle avait su trouver à d'autres, être heureuse, vivre sa vie, mais sans oublier qu'elle avait eu la chance, elle, d'y avoir accès.

Fermant les yeux, elle revint à elle, ses yeux reprenant leurs formes initiales, la lune sur son front se fondant de nouveau dans sa peau. Elle fixa ses iris dans ceux de Morganna, le changement dans son regard étant évident. Elle passa sa langue sur ses lèvres, lui résumant en quelques mots ce qui venait de se passer.

Elle caressa sa joue avec un amour qui lui fit venir les larmes aux yeux.

Je t'aime, tellement. Merci, de m'avoir rendue vivante.

Elle l'embrassa avec une douceur et une tendresse poignante, ton son être vibrant du contact avec la vouivre. Le bonheur emplissant enfin son âme comme cela aurait toujours dû être.

Toute la jouissance qui parcourait ses membres semblait se transmettre à Moon, la faire vibrer en concert avec elle, teintant d'une blancheur éclatante leurs étreintes brûlantes, venant lécher leur peau en autant de frissons d'extase que de folie. Leurs langues se cherchaient, se rencontraient violemment avant de danser sauvagement, farouchement, puis se séparaient sous le son hypnotique de leurs souffles erratiques. Morganna avait les oreilles qui bourdonnaient du rythme cassé de son cœur tambourinant dans sa poitrine frémissante, machine folle qui la noyait sous des sensations si fortes qu'elle avait l'impression qu'elles pouvaient la tuer si jamais les choses se brisaient, si jamais cet instant devait s'achever au premières lueurs du jour, amour de nuit tué par l'infâme astre jaune et rouge.

Et pourtant,elle avait accepté cela. Accepté de mourir de tristesse, de rage, de colère et de désespoir dès la fin de leur amour qui lui semblait si chimérique, entre elle, monstre aux écailles de glace, et la général, lune insaisissable qui venait de lui voler à jamais la clef rouillée et souillée de son être. Elle n'y croyait pas, cela était trop beau pour elle, mais les faits étaient bien là, faisant battre son sang au creux de ses tempes blanches, caressant sa peau dénudée exhalant une odeur de larme et de froids lointains, odeur de menthe poivrée qui effaçait celle, habituelle, du sang qui avait tâché durant de longues années les cicatrices et le corps fin de la garde.

Cet instant, la vouivre aurait voulu le faire durer éternellement, son instinct s'affolant dans ses membres lorsque son amante jouit contre elle, ses yeux se révulsant et la lune à son front s'illuminant d'une lumière si vive qu'elle éblouit ses yeux sanglants, fendant sa pupille qui jusque là rognait les bords de ses iris, voulant les engloutir dans un gouffre noir de plaisir halluciné.

Fermant les yeux, la jeune femme serra ce corps adulé contre elle, son rythme cardiaque battant d'incompréhension et d'angoisse au creux de ses côtes, manquant de la faire suffoquer, prise à la gorge par une situation qu'elle ne comprenait pas, ou du moins qu'elle avait peur de comprendre. Son instinct rugissait, se débattait, parcouru d'une fièvre maladive et dérangeante. Les quelques secondes d'inconscience de Moon semblèrent lui durer des heures, conscience du temps brouillée par cette crainte malsaine qui étirait le temps.

Elle ne reprit son souffle qu'en sentant son amante fermer les yeux, défaisant toutes les tensions qui habitaient son corps, le faisant trembler de soulagement. Toute tendue dans l'attente, elle en avait oublié de respirer, labourant ses poumons d'une chape de glace qu'elle peinait à faire tomber au pied du lit et des draps accueillant leurs étreintes. Elle avait eue si peur, une de ces peurs irrationnelle qui menaçait de rendre fou si elle osait continuer d'apposer son empreinte maléfique sur l'esprit de ses victimes.

Rouvrant les yeux, la jeune femme aux cheveux courts les noya dans ces iris lunaires qui semblaient différents, pulsant d'un bonheur non feint qui la toucha jusqu'au plus profond de son être. La caresse sur sa joue finit de la conforter, les mots de son amantes se gravant au plus profond de son âme, faisant naître des gouttes brillantes au coin de ses yeux alors qu'elle répondit au baiser, laissant les filaments de lumière glisser sur ses joues, laissant la lune les faire luire sous ses rayons d'argents.

Rompant le baiser, Morganna sourit, ses orbes de sang semblant pulser d'un bonheur trop grand pour son corps marqué par sa vie de combat et d'errance. Si on lui avait dit qu'elle finirait par trouver le bonheur, jamais elle ne l'aurait cru, ayant trop longtemps partagé le même chemin que celui de toute la lie de Wonderland. Elle n'était même pas sûre de mériter un tel honneur, sa vie n'ayant rien de prodigieux pouvant expliquer tout cela. Elle se sentait, quelque part, indigne de cet honneur, mais elle n'en avait que faire.

Tendrement, elle caressa le visage de la général, frôlant ses lèvres tentatrices alors que les siennes s'ouvrirent pour laisser passer sa voix émue, touchée au delà de l'imaginable

- C'est à moi de te remercier... De bien vouloir m'aimer... Je t'aime tant...

La vouivre l'embrassa de nouveau, y mettant toute sa tendresse, toute sa douceur, enlaçant son amante, celle qui venait de la changer jusqu'au plus profond d'elle-même. Plus rien ne serait comme avant, et elle sentit son corps se libérer d'un poids immense alors qu'elle se laissa aller dans les bras de la femme-lune...